Le chômage avec complément d’entreprise à partir de 50 ans pour les travailleurs de Ford Genk. Vu les circonstances, c’est le mieux que nous puissions faire dans un premier temps.
L’un des éléments du plan social des travailleurs de Ford Genk serait le recours à la prépension ou, pour être plus précis, au chômage avec complément d’entreprise à partir de 50 ans. Dans le cadre des dispositions légales, nous avions immédiatement indiqué cette piste, ce qui a tout aussi immédiatement suscité des réactions outrées. “Nous n’allons quand même pas laisser toutes ces personnes à la maison.” À la maison ? Les travailleurs de Ford Genk sont encore en plein désarroi qu’on leur prête déjà l’intention de vouloir se la couler douce à la maison ? Dans les circonstances actuelles, je ne peux m’imaginer une plus grande méconnaissance des réalités et cela me met hors de moi.
La prépension comme revenu (temporaire) de remplacement
Le gouvernement fédéral a porté l’âge minimum requis pour bénéficier du chômage avec complément d’entreprise à 55 ans, sans toutefois tenir compte de la durée de la carrière et de la pénibilité du travail. La loi prévoit bien des dérogations à partir de l’âge de 52 voire 50 ans. La prépension à partir de 50 est encore accessible dans des situations exceptionnelles telles que les restructurations avec licenciement collectif d’au moins 30 pour cent du personnel. Dans le cas de Ford Genk elle constituerait un filet social approprié que l’on pourrait tendre afin d’empêcher les gens de tomber dans un gouffre financier.
De plus, les travailleurs “prépensionnés” qui retrouveront du travail pourront conserver le complément versé par Ford Genk. D’un point de vue social, je pense que cela présente de meilleures perspectives d’avenir, surtout que nous serons confrontés à la dégressivité des allocations de chômage dès la semaine prochaine. Encore une trouvaille particulièrement antisociale.
Activation du marché de l’emploi
En vertu du pacte de solidarité entre les générations, les personnes qui font usage de ce régime de prépension doivent rester disponibles sur le marché du travail. La toute grande majorité des travailleurs ne souhaitent pas mieux que de réintégrer le plus vite possible le circuit du travail.
Le personnel de Ford Genk, des fournisseurs et des sous-traitants doivent pouvoir bénéficier pleinement des mesures d’outplacement, d’accompagnement de recherche d’emploi et éventuellement d’un recyclage. Il est plus que nécessaire de créer une société de reconversion sociale comme à l’époque de la fermeture des mines.
Mais il appartient aussi aux employeurs de faire preuve de flexibilité en puisant dans cet afflux massif sur le marché du travail limbourgeois. S’ils pouvaient un peu réduire leurs prétentions au moment de l’embauche, et surtout ne pas snober les 50-plus (comme ils le font actuellement) ce serait déjà un pas dans la bonne direction.
Il faut bien se rendre compte de ce que des milliers de demandeurs d’emploi de moins de 50 ans se pressent au portillon du marché du travail. Déjà maintenant il n’y a pas assez de travail pour les 50-plus.
De l’espoir
Mais avant d’en arriver là, j’espère que la période de consultation prévue par la loi Renault sera mise à profit par l’Europe pour apporter quelque soulagement. Il ne s’agit pas de donner de faux espoirs. Nous avons simplement la responsabilité morale d’envisager toutes les possibilités. Si l’Europe pouvait partiellement infléchir la décision de Ford, elle enverrait le signal fort qu’elle est capable de se porter au secours de l’industrie comme elle a sauvé les banques.
Plus important encore : nous appelons la CES à traduire dans les faits l’indispensable solidarité entre les travailleurs espagnols, allemands, britanniques et belges afin qu’ils se dressent ensemble pour faire barrage au capitalisme sans cœur de Ford.
Jan Vercamst,