Ce mardi 11 Février 2014, au Cambodge, 23 militants et dirigeants syndicaux comparaîtront lors d’une audience devant décider de leur libération sous caution. Ils sont détenus depuis début janvier, arrêtés lors d'une manifestation syndicale revendiquant une hausse du salaire minimum.
La manifestation, qui a rassemblé les travailleurs et travailleuses de plus de 127 entreprises de confection, a été violemment réprimée par les services d'ordre à la demande des chefs d'entreprise. Bilan : 5 travailleurs tués, 39 blessés graves et 23 manifestants arrêtés, y compris certains dirigeants syndicaux. Plus d’une centaine de militants ont par ailleurs été licenciés lors de la reprise du travail.
La journée mondiale d’actions vise à mettre le gouvernement du Cambodge sous pression pour libérer les 23 militants et dirigeants syndicaux arrêtés et pour relancer les négociations sur la hausse du salaire minimum.
Cette journée mondiale d'action est initiée par de nombreuses organisations syndicales et autres organisations et réseaux internationaux de défense des droits des travailleurs. Des dizaines d’actions sont organisées à travers l'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord. Cette mobilisation de solidarité fait suite aux nombreux appels adressés au gouvernement cambodgien pour libérer les militants arrêtés et reprendre les négociations sur la hausse du salaire minimum. Appels restés jusqu’ici lettres mortes.
Parmi ces appels, est à noter l’engagement de 30 marques et enseignes internationales, clientes de l’industrie cambodgienne de l’habillement. À l’invitation des syndicats internationaux, CSI, UNI et IndustriALL, elles ont adressé une déclaration commune au Premier Ministre cambodgien lui demandant notamment de respecter la liberté d’association et de reprendre les négociations salariales.
Les travailleuses et travailleurs cambodgiens de l’habillement ont entamé leurs actions le 23 décembre 2013, suite au refus du gouvernement d'augmenter significativement le salaire minimum. L'exigence des travailleurs est soutenue par une étude du gouvernement qui a révélé qu’une augmentation du salaire minimum de 80 à 160 dollars par mois était nécessaire pour devenir viable. Les travailleurs de l’habillement sont depuis plusieurs décennies, l'épine dorsale de la croissance rapide de l'économie cambodgienne. Les secteurs de la chaussure et des vêtements représentent environ 80 % des exportations, alors que 20 % de la population cambodgienne dépend d'un salaire dans ce secteur. En dépit de leur productivité de plus en plus élevée, ces travailleuses et travailleurs font partie des salariés les plus pauvres et les plus exploités. Durant les deux dernières années, 4.000 d’entre eux se sont évanouis au travail : une conséquence directe de la prestation de nombreuses heures supplémentaires et d’une alimentation insuffisante, liée directement à des salaires insuffisants pour assurer la couverture de leurs besoins de base.
Les marques et enseignes de mode comme H&M, Adidas, C&A, Gap, Esprit et d'autres qui s’approvisionnent au Cambodge, ont exprimé leur inquiétude au sujet de la violence meurtrière du gouvernement et appelé à rétablir la paix sociale et de payer un salaire minimum équitable. « Le soutien de marques de mode aux demandes des syndicats ne laisse pas le choix au gouvernement cambodgien », a déclaré Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI). « Si le gouvernement ne vient pas avec une solution, ce n'est pas seulement dramatique pour les travailleurs qui doivent survivre avec un salaire de misère. C’est également préjudiciable à long terme pour l'industrie cambodgienne de l'exportation.