Les entités fédérées et l'Etat fédéral doivent, depuis quatre ans, se partager l'effort à accomplir en matière de climat et d'énergie. Pendant ce temps, aucune politique Climat/Energie intégrée ne peut être mise en place. Dans un appel commun, les ONG actives dans les domaines de l’environnement et du développement ainsi que les syndicats appellent à un déblocage de la situation dans un délai de deux mois comme première étape vers une politique du climat et de l'énergie plus intégrée.
La Belgique s’est engagée vis-à-vis de l’UE à diminuer ses émissions non industrielles de 15% d'ici à 2020 et à couvrir 13% de sa production d'énergie grâce aux renouvelables. Les Régions étant compétentes pour l'essentiel de la politique climatique, ces objectifs nationaux doivent être répartis entre les entités fédérées et l'Etat fédéral. Ce n’est toujours pas fait.
Le blocage est aussi financier : la vente de crédits issus du marché du carbone européen fait rentrer dans les caisses de l'Etat environ 150 millions par an. Sans répartition de l'effort, cet argent reste bloqué sur un compte à la banque nationale. Au vu de l'urgence climatique, qui sera encore rappelée la semaine prochaine par les experts scientifiques du GIEC à l'occasion de la sortie de leur nouveau rapport, ces tergiversations politiques sont inacceptables.
Une coordination déficiente
Sans un accord sur la répartition de l'effort, la mise en œuvre d'une politique Climat/Energie coordonnée au niveau belge est impossible. Si elle entendent mettre en place des plans Climat efficaces, les régions ne peuvent travailler chacune de leur côté sans même connaître l'objectif exact qui leur sera assigné. Au niveau international, le blocage affecte aussi la crédibilité de la Belgique au sein des négociations climatiques car le doute subsiste sur le montant que la Belgique mettra à disposition des pays du Sud pour lutter contre les changements climatiques et s'y adapter. C'est d'autant plus grave que la Belgique n'avait déjà pas respecté ses précédentes promesses de financement climatique à destination du Sud.
Pour une politique Climat/Energie intégrée
Il est urgent de remettre sur les rails une politique Climat/Energie intégrée au niveau national apte aussi à stimuler la relance, répondant à nos engagements environnementaux et stimulant l’emploi de qualité. Les structures pour coordonner les politiques climatiques régionales et fédérales existent, mais la volonté politique fait défaut. En conséquence, les politiques Climat/Energie mises en place dans les entités fédérées sont réalisées sans concertation. Un exemple significatif est celui de la suppression des déductions fiscales pour les investissements économiseurs d'énergie décidée au niveau fédéral en début de législature. Une politique coordonnée aurait requis un transfert de moyens vers des mesures régionales de promotion des économies d’énergie efficaces et socialement justes, ce qui n'a pas été fait.
Développer une vision commune
Au-delà d'une répartition de l'effort climatique entre les régions, la Belgique doit développer un vrai plan Climat national qui renforce et intègre les différentes politiques menées dans les régions. Ce plan est crucial pour développer une vision énergétique qui permette une diminution drastique de nos émissions des gaz à effet de serre d'ici à 2050. Une nouvelle approche est nécessaire. Il est temps de mettre autour de la table non seulement les leaders politiques des différents niveaux de pouvoir, mais aussi, tous les acteurs de la société civile pour enfin développer une vision énergétique commune. Mais le chemin semble encore long et passe absolument par un déblocage au niveau de la répartition de l'effort climatique entre les régions et l'Etat fédéral.
Bernard Noël ; Secrétaire national CGSLB
Michel Genet ; Directeur Greenpeace Belgique
Christophe Schoune ; Directeur Inter-Environnement Wallonie
Damien Vincent ; CEO WWF Belgique
Arnaud Zacharie, Secrétaire général CNCD-11.11.11
Claude Rolin ; Secrétaire général CSC
Anne Demelenne, Secrétaire général FGTB