La gouvernance économique européenne est au cœur des discussions européennes et continue d’inquiéter le monde syndical… Les chefs de gouvernements des Etats-membres de la zone euro se sont réunis le 11 mars dernier afin de discuter du Pacte de compétitivité résultant du compromis entre Berlin et Paris. Cette proposition franco-allemande semblait avoir séduit la Commission et la Présidence du Conseil qui convoquaient ce sommet informel.
Quelles sont les raisons de notre mécontentement face à ce « Pacte de compétitivité » ?
Le « Pacte de compétitivité » concerne fondamentalement l’exportation à l’ensemble de la zone euro dumodèle de modération salariale suivi par le noyau dur de la zone euro. Ce Pacte, avec sa comparaison stricte des coûts unitaires de la main-d’œuvre, forcera les Etats membres à entrer dans une spirale de compétition vers le bas en matière de salaires et de conditions de travail. Ceci risque d’enfoncer l’économie dans la déflation et la dépression alors que les bénéfices, les bonus et les dividendes exploseront pour nombre de ceux dont les actions ont été à l’origine de la crise.
A la suite de la campagne menée par le mouvement syndical européen, le texte de ce Pacte de compétitivité omet les références explicites à certaines des remarques formulées récemment par le duo Sarkozy-Merkel, en particulier leur demande de mettre fin à l’indexation des salaires. Toutefois l’axe fondamental du Pacte de compétitivité demeure une politique de gel des salaires à travers toute l’Europe.
Les organisations syndicales européennes, dont la CGSLB, continuent de rejeter cette approche et se prononce en faveur d’une campagne pour plus d’équité et d’égalité et contre l’austérité.
Résolution de la CES sur la gouvernance économique européenne
La Confédération européenne des Syndicats a récemment adopté une résolution sur la gouvernance économique européenne. La CES soutient principalement :
- la mobilisation de nouvelles sources de financement en introduisant une taxe sur les transactions financières, comme l’a proposé le Parlement européen, en s’attaquant aux paradis fiscaux et à la concurrence fiscale sur le marché intérieur ;
- des Eurobonds pour montrer aux marchés financiers que l’Europe est déterminée à faire bloc pour traverser les crises ;
- un vaste programme d’investissements s’élevant à 1% du PIB européen afin de s’attaquer auchômage, en particulier au chômage des jeunes, pour améliorer les structures industrielles et les infrastructures et offrir aux pays en difficultés la possibilité de relancer leur économie en vue de sortir de l’endettement ;
- la réduction significative des secteurs des bas salaires de l’économie en fixant des seuils de salaires minima en dessous desquels les salaires ne pourront pas descendre, tout en incitant les institutions à étendre la couverture des négociations collectives ;
- la réglementation effective des marchés financiers.
Vive l’indexation automatique !
En tant que membre de la Confédération européenne des Syndicats, nous soutenons bien évidemment ces revendications et y ajoutons un lien fort avec la pertinence de notre système belge en matière de salaires.
Rappelons que notre système d’indexation automatique des salaires est un produit de qualité, ce que le Commissaire européen des Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a confirmé. Après une analyse approfondie de la matière, sa conclusion était que « notre système est un concept intelligent et très différent des systèmes obsolètes qui nuisent gravement la compétitivité ».
Pour la CGSLB le système d’indexation automatique belge devrait même être étendu à tout les pays membres, et cela pour de multiples raisons :
- Cela stabilise le salaire réel et préserve partiellement le pouvoir d’achat.
- Cela donne des certitudes et de la confiance aux travailleurs et favorise la paix sociale.
- En Europe ce mécanisme n’est appliqué – en dehors de la Belgique et du Luxembourg – qu’en Espagne. Il existe toutefois des mécanismes d’adaptation de prix ‘informels’. Ainsi il apparaît qu’en moyenne un tiers de toutes les entreprises européennes adaptent les salaires à l’inflation. Ces mécanismes informels sont évidemment plus coûteux en ‘temps’ et en ‘argent’.
- Un système sociale et solidaire surtout en faveur des personnes qui n’ont aucune possibilité/pouvoir de négocier vu leur secteur, leur statut ou leur situation personnelle.
- La consommation interne est le moteur principal en temps de crise. La Belgique est le pays qui a le mieux digéré la crise économique et financière surtout grâce à une plus forte consommation interne.
- Les pouvoirs publics génèrent plus de recettes et cela contribue à un modèle social équitable.
Jan Vercamst
Président national