Alors que les discussions sur le mal nommé « statut d’artiste » ont abouti à une réforme qui rend l’accès et le maintien dans un statut du travailleur des arts encore plus difficile, alors que le texte sur la future commission du travail des arts est encore en discussion et qu’il inquiète particulièrement les techniciens du secteur (qu’est-ce qui sera reconnu comme travail artistique et sur base de quels critères ?), le gouvernement vient d’annoncer que les flexi-jobs vont être étendus aux secteurs de la Culture (en dehors des fonctions artistiques).
Incompréhensible, de la part d’un gouvernement qui prétendait améliorer le statut des travailleurs de la culture.
Les flexi-jobs c’est un statut précaire de travail, une succession de mises à disposition ouverte à tout le monde pour qui a travaillé en 4/5ième (pas de sécurité d’emploi), un salaire instable et non garanti (pas sécurité de revenu), un salaire brut inférieur au minimum sectoriel (déjà très bas), des horaires instables et imprévisibles, pas de double pécule de vacances ni d’assurance maladie et pas de qualification requise…
Or, depuis la crise COVID, dans le secteur de la Culture et de l’évènementiel, on constate une pénurie de personnel technique qui, suite au chômage Corona s’est vu obligé de se réorienter professionnellement. Un vrai problème pour ces métiers indispensables au secteur des Arts puisqu’on a estimé qu’il manquait environ 600 techniciens pour la bonne tenue des festivals cet été. Par ailleurs, on constate que les jeunes ne finissent plus leurs études puisqu’ils trouvent du boulot dès leur deuxième année d’étude, délaissant ainsi prématurément leur formation.
Ce dont les travailleurs ont besoin, ce sont d’emplois stables et de contrats plus longs, pas d’un démantèlement encore accentué des conditions de travail. Les travailleurs n’ont certainement pas besoin d’un nivellement par le bas. Ce dont le secteur a besoin ce sont des travailleurs réguliers et qualifiés.
Les organisations syndicales regrettaient déjà vivement de ne pas être conviées à la réflexion sur le statut d’artiste, elles s’insurgent aujourd’hui en constatant qu’on fragilise une fois de plus les travailleurs. Ne l’oublions pas, le statut de flexi-jobs c’est une précarisation généralisée du monde du travail. Il s’agit d’une dérégulation inacceptable.
Dominik Roland, CGSLB
Vinciane Convens, CSC Culture
Tijs Hostyn, PULS
Maximilien Herry, CGSP
Stéphane Piron, Setca