La Commission Uber a été prolongée de deux mois au Parlement européen. L’occasion de revenir sur ce dossier qui impacte des milliers de travailleurs en Belgique et en Europe.
En octobre dernier, nous étions aux côtés des travailleurs des plateformes, en particulier les chauffeurs Uber, afin de réclamer devant le Parlement européen une législation claire pour ce type d’emploi. De telles plateformes numériques jouent sur des zones grises dans la loi en forçant leurs travailleurs à adopter le statut d’indépendant, mais sans en bénéficier des avantages. Ils ne fixent par leurs prix, leur horaire et clients sont fixés par des algorithmes, et ils ne bénéficient pas ou presque pas d’indemnités relatives aux maladies ou aux accidents du travail.
Uber, sans payer d’impôts et de charges sociales ni en Belgique et ailleurs, pose aussi clairement un problème de concurrence déloyale dans le secteur, ayant la possibilité de proposer des prix à la course qui sont impossibles à suivre pour les taxis. Pourquoi la plateforme opère-t-elle ainsi depuis des années sans que personne n’y trouve à redire ?
Commission Uber
En mars, lors de la Commission Uber au Parlement européen, plusieurs voix ont dénoncé le lobbying actif d’Uber dans les plus hautes sphères du pouvoir. Un lobbying qui consistait non seulement à faire adapter la législation en sa faveur, mais aussi à faire passer le secteur des taxis comme archaïque, et donc le modèle du géant américain comme la seule alternative. « Uber n'a jamais eu l'intention de moderniser ou de modifier le secteur du taxi, mais visait simplement à en prendre le contrôle par tous les moyens, y compris les moyens illégaux », a dénoncé Mark MacGann, le lanceur d’alerte des « Uber Files ».
Pour lui, le résultat était très clair, Uber ne peut garantir la viabilité de son modèle économique en accordant ne serait-ce qu’un minimum de protection sociale à ses travailleurs. « Uber ne crée pas de l’emploi. Uber crée de la précarité », avait souligné l’ancien lobbyiste.
Accord avec la FGTB
Peu avant l’ouverture des discussions au niveau belge et européen sur le sort des travailleurs des plateformes, la FGTB avait surpris tout le monde en signant un accord avec Uber. Le
syndicat rouge serait le seul représentant des travailleurs Uber, au risque d’ouvrir la possibilité de créer un statut intermédiaire entre celui de salarié et d’indépendant, permettant à Uber d’opérer comme elle l’a toujours fait, mais cette fois légalement. Pour le Syndicat libéral, les seules conditions possibles avec Uber doivent se faire dans le cadre des conventions nationales fixées au sein de la commission paritaire pour les taxis.
La Commission spéciale Uber se poursuivra au moins jusqu’au 19 mai prochain afin de comprendre la stratégie d’influence de l’entreprise, notamment dans l’adoption du plan taxi à Bruxelles, critiquée par de nombreux chauffeurs de taxis de la capitale car elle permet aux plateformes de poursuivre légalement leurs activités.
Au niveau européen, la CGSLB espère qu’un texte ambitieux finira par être adopté, offrant une véritable protection sociale à tous les chauffeurs, avec présomption de salariat. Le modèle économique d’Uber n’est pas l’avenir, c’est inacceptable dans une société qui souhaite le bien-être et l’épanouissement professionnel de tous.