Priorités de la CSC – FGTB et CGSLB pour la prochaine majorité fédérale

16/06/2014 - 16h

Trois semaines après sa désignation, l’informateur n’a toujours pas rencontré les interlocuteurs sociaux. C’est pourquoi les trois organisations syndicales s’adressent à lui publiquement pour lui faire parvenir leurs priorités en vue de la formation d’un prochain gouvernement au niveau fédéral.

La FGTB, la CSC et la CGSLB espèrent maintenant la formation rapide d‘un gouvernement fédéral qui s’investisse pleinement dans une politique ambitieuse sur le plan social. Celle-ci doit viser la création d’emplois de qualité et le redéploiement de l’économie réelle en collaboration avec les interlocuteurs sociaux. Nous n’accepterons sous aucun prétexte que notre model social soit miné par une politique d’assainissement unilatérale ni par une idéologie économique néolibérale adoptée sur mesure pour les employeurs et les investisseurs.

Ensemble, nous avançons donc quatorze priorités:
 

  1. Le maintien du mécanisme d’indexation automatique des salaires et des allocations sociales ainsi que le respect de la liberté de négociation pour des augmentations de salaire hors index. Le refus catégorique d’un nouveau gel des salaires dès 2015. Le renforcement - au lieu d’un démantèlement- de la concertation fédérale interprofessionnelle.
  2. La correction des mesures antisociales dans le chômage, tant au niveau de la dégressivité qu’au niveau des allocations d’insertion, ainsi que l’adaptée de mesures efficaces pour lutter contre le chômage et garantir un emploi de qualité à l'ensemble des travailleurs. Dans le cadre de la "garantie jeune" européenne, tous les demandeurs d’emploi doivent avoir droit à une formation et à une vraie expérience de travail mais ne doivent, en aucun cas être soumis à un travail d’intérêt général.
  3. La finalisation du statut des travailleurs en collaboration avec les interlocuteurs sociaux : égalité des droits pour les ouvriers dans les secteurs, y compris dans la construction ; pécule de vacance égal pour les ouvriers et employés ; stop aux atteintes à la vie privée des travailleurs malades (via le bracelet médical). Pas de démantèlement de la protection contre le licenciement et la limitation ainsi qu’une meilleure protection, des contrats temporaires;
  4. La mise en œuvre d’une réforme fiscale visant à créer davantage de justice fiscale via l’égalité de traitement entre les revenus du travail et les revenus du capital ainsi qu’un effort particulier sous forme d’impôt sur les gros revenus. Tous les avantages octroyés aux entreprises doivent être conditionnés à des créations d’emploi et au soutien à l’économie réelle et doivent être pris en compte dans le calcul de l’écart salarial.
  5. La sauvegarde et le renforcement des services publics et des services collectifs Il hors de question de les commercialiser.
  6. La mise en place d’une véritable politique d’investissements et d’infrastructures pour soutenir la création d’emplois de qualité et pour une économie et une société plus durable, plus respectueuse de l’environnement, du climat et des matières premières. Cette politique doit être accompagnée d’une réforme en profondeur des mesures de soutien à l’emploi, à l’économie et à l’innovation, afin de maximaliser l’effet sur l’emploi, et d’une politique de mobilité durable bien réfléchie qui associe la lutte contre les files à la lutte pour le climat, l’environnement et la santé.
  7. La mise en œuvre d’une véritable politique de relance industrielle durable.
  8. Une autre Europe basée sur la collaboration - et non la compétition - entre Etats, avec un équilibre et un lien plus importants entre les objectifs sociaux, économiques et écologiques, et dont les institutions (en particuliers la BCE et la BEI) sont investies d’un rôle nouveau et d’un mode de fonctionnement plus démocratique.
  9. L’adoption de mesures efficaces de lutte contre le dumping social, le respect des lois et conventions collectives négociées et la mise en œuvre d’un salaire minimum interprofessionnel dans les Etats membres de l’UE. Une négociation transparente des accords bilatéraux (cf. Traité transatlantique) qui respecte les libertés fondamentales (négociations collectives) ainsi que les droits sociaux et impératifs environnementaux.
  10. Une sécurité sociale fédérale forte basée sur la solidarité et le principe assurantiel avec une liaison au bien-être garantie des allocations et un relèvement des minima pour les porter au-dessus de la norme de pauvreté européenne. Pas de limitation dans la durée des allocations de chômage, ni de diminution des allocations mais au contraire une amélioration de celles-ci. Plus d’attaques contre le régime de chômage avec complément d'entreprise.
  11. Pas d’érosion mais un renforcement de la pension légale: des minima et des plafonds suffisants, un taux de remplacement suffisamment élevé et pas d’atteinte aux possibilités de pension anticipée, ni des périodes assimilées.
  12. La sauvegarde et le renforcement des droits de participation des travailleurs, de leurs possibilités d’action, du droit de grève et de la négociation collective. Tant dans le secteur privé que public. Et une reconnaissance du rôle des syndicats, tant dans la gestion que dans la mise en œuvre de la sécurité sociale.
  13. La mise en œuvre d’une véritable politique visant à supprimer toutes les discriminations et en particulier celles liées au genre par rapport à l’écart salarial entre hommes et femmes ou la précarisation de l’emploi.
  14. Le maintien de l’engagement d’affecter, à partir de 2015, 0,7 % du PIB à la coopération au développement. L’engagement actif du nouveau gouvernement pour promouvoir le travail décent le cadre des objectifs post 2015 de l’ONU. La reconnaissance du rôle essentiel des syndicats dans la coopération au développement moyennant un financement des programmes avec un apport financier propre et une autonomie dans leurs actions.
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