Ces derniers mois, nous l’avons vu trop souvent : les emplois industriels disparaissent à un rythme effréné. Selon les chiffres préliminaires de la Banque nationale, 9 400 emplois industriels ont été supprimés en 2024 en Belgique, un chiffre alarmant et immédiatement la plus forte baisse en neuf ans. Il est crucial que les décideurs politiques changent de cap pour garantir l’avenir de notre industrie.
La CGSLB renouvelle son appel à des mesures ambitieuses pour pérenniser l’industrie belge. Nous ne pouvons plus nous contenter de réagir quand il est déjà trop tard. Nos responsables politiques belges et européens doivent maintenant prendre leurs responsabilités et adopter les mesures nécessaires.
Sur quoi une telle politique proactive doit-elle se concentrer ?
Tout d’abord, sur davantage d’investissements publics. Alors que des pays comme les États-Unis et la Chine investissent massivement dans leurs secteurs industriels, l’UE reste à la traîne. Et ce, alors que nous sommes confrontés à une concurrence croissante de ces pays, qui misent fortement sur la croissance industrielle. La CGSLB plaide pour 4% d’investissements publics d’ici 2030. Ce n’est pas une demande excessive. Il s’agit d’investissements nécessaires qui génèrent de la croissance économique, et les secteurs industriels peuvent en bénéficier. Rester immobile, c’est reculer. Et ce n’est pas une option.
En même temps, le Syndicat libéral insiste sur une politique fiscale équitable.
Il est inacceptable que les multinationales transfèrent leurs bénéfices ailleurs pendant que les travailleurs luttent pour plus de pouvoir d’achat. Ces entreprises opposent les pays les uns aux autres à la recherche des réductions fiscales les plus avantageuses, et les États membres de l’UE jouent à ce jeu. Tant que cette course fiscale perdure, ce sont les travailleurs qui en paient le prix. Il est temps d’y mettre un terme. La CGSLB plaide pour un impôt minimum de 25 % sur les sociétés, combiné à un système de "taxation unitaire", où les bénéfices des multinationales seraient répartis entre les États membres en fonction de leur activité économique réelle.
La CGSLB souligne en outre la nécessité d’utiliser plus efficacement les fonds publics pour la recherche et le développement (R&D). Aujourd’hui, la majorité des subventions vont au secteur pharmaceutique, tandis que d’autres secteurs essentiels reçoivent un soutien insuffisant. Nous devons élargir ces investissements pour renforcer la capacité d’innovation de l’ensemble de notre industrie.
Enfin, la CGSLB plaide pour une UE plus affirmée, qui agit plus fermement pour protéger son économie. La CGSLB demande la mise en place rapide d’un carbon border adjustment mechanism (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières), qui imposerait des taxes carbone sur les importations. Le cadre budgétaire européen doit également être réformé afin de permettre davantage d’investissements dans la transition verte et numérique.
La Clean Industrial Deal, récemment proposée par la Commission européenne, doit apporter une réponse aux nombreux défis de l’industrie européenne. Outre des mesures pour garantir une énergie abordable et une transition industrielle verte, l’accord contient un certain nombre d’éléments sociaux importants, tels que la création et la protection d’emplois de qualité, l’accompagnement des restructurations, des conditions sociales pour les financements publics et l’importance du développement des compétences. Il appartient désormais à la Commission européenne de transformer ces plans en initiatives concrètes, ce que la CGSLB suivra de près.
Travailler ensemble pour l’avenir de notre industrie
La CGSLB ne lance pas une attaque contre les entreprises ou le gouvernement, mais appelle à la coopération. L’avenir de notre industrie est entre nos mains : agissons ensemble dès maintenant. Il ne s’agit pas d’un seul secteur ou d’une seule entreprise, mais de l’avenir de tout notre pays et de l’Europe. Les syndicats peuvent et veulent jouer un rôle constructif dans la gestion de ces défis. Aux côtés des pouvoirs publics et des entreprises, la CGSLB veut trouver des solutions qui fonctionnent pour tout le monde.