La pandémie du coronavirus entraîne une crise sanitaire comme nous n’en avons jamais connue qui aura d’énormes conséquences sociales et économiques. La santé de tous les citoyens est la priorité absolue pour le moment, à juste titre. Les mesures prises pour contenir la maladie vont toutefois peser lourd sur la croissance. Nous nous dirigeons tout droit vers la pire crise économique de l’après-guerre, plus grave que la crise financière de 2008. L’emploi, le pouvoir d’achat et les finances publiques vont en faire les frais. Les inégalités vont se creuser. Il s’agit maintenant de limiter les dégâts avant de préparer les conditions de la relance dès que la pandémie sera sous contrôle.
Encore trop tôt pour évaluer l’impact sur l’économie
Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact sur l’économie. Son importance dépend non seulement de la durée des mesures de confinement et des dégâts que le coronavirus cause chez nos partenaires commerciaux, mais aussi des effets collatéraux sur les entreprises et les secteurs qui arriveront à s’en sortir ou pas. Les chiffres de la Banque nationale révèlent notamment qu’au moins 4 entreprises sur 10 vont connaître une perte de chiffre d’affaires de plus de 75 %, surtout dans le commerce, l’horeca et le tourisme.
Trois scénarios différents sont possibles
La KBC a été la première à fournir une analyse d’impact détaillée selon trois scénarios différents. Le premier est optimiste. Le deuxième, le scénario de base, limite les mesures de restriction à trois mois, ce qui entraînerait une croissance négative de -9,5 % en 2020. En 2021, l’économie se rétablirait avec une croissance de 12,3 %. Le scénario pessimiste prévoit une récession économique de -13,2 % en 2020 et une pâle reprise de 3,2 % en 2021. Il faut donc patienter en espérant que la pandémie va rapidement diminuer d’intensité et que le confinement va être levé. Il y a toutefois peu de chances que la croissance économique soit suffisante en 2021 pour compenser les pertes de 2020. Même si l’économie repart bien en 2021, toutes les entreprises et tous les travailleurs n’en profiteront pas, essentiellement dans les secteurs les plus atteints.
Le chômage temporaire, un filet de sécurité crucial
Entre-temps, les stabilisateurs automatiques remplissent leur rôle et plus d’un million de travailleurs peuvent recourir au chômage temporaire. Ce filet de sécurité qui profite aux entreprises et aux salariés aura un impact négatif significatif sur le pouvoir d’achat. Le revenu disponible global des Belges va sensiblement diminuer en 2020, après une longue période de stagnation causée par la modération salariale et les politiques d’austérité. Beaucoup de personnes en chômage temporaire vont subir une baisse de revenus supérieure à 30 %, rendant les fins de mois plus difficiles. Sans parler des travailleurs - surtout ceux occupant des emplois précaires - qui vont se retrouver au chômage complet.
La CGQLB opte pour des mesures de soutien au pouvoir d'achat
La CGSLB demande aux différents niveaux de pouvoir de prendre des mesures à la hauteur de la catastrophe afin de protéger et de stimuler l’économie belge et le pouvoir d’achat des citoyens. À commencer par élaborer un cadre parafiscal fédéral uniforme permettant aux secteurs et aux entreprises de négocier l’attribution d’une prime corona unique, dans le respect de la concertation sociale. Parallèlement, la Belgique doit militer pour la capacité budgétaire européenne en plaidant en faveur des “coronabonds”, afin d’apporter un ballon d’oxygène aux finances de notre pays. La CGSLB exclut l’idée de faire payer la crise du coronavirus par de nouvelles mesures d’austérité et d’augmentation des impôts sur la consommation. Cette crise montre, encore plus manifestement, que la consommation intérieure représente le principal moteur de l’économie, c’est pourquoi il faut stimuler le pouvoir d’achat des Belges.