Mardi 31 janvier, le secteur du non-marchand a organisé une manifestation nationale à Bruxelles. La situation actuelle n’est plus tenable pour tous les métiers du secteur, en proie à une pénurie de personnel en raison de leur manque d’attractivité.
Le secteur du non-marchand est en crise : un grand nombre de ses travailleurs sont sur le point de prendre une pension bien méritée, mais peu de jeunes se présentent pour les remplacer.
« Même nous, on ne va pas avoir envie de rester quand on voit des personnes de 40-50 ans qui sont épuisées, ça fait peur », témoigne Inès Lamouche, jeune assistante en pharmacie à Erasme. En effet, les métiers du secteur ne sont pas assez attractifs, le personnel déjà trop peu nombreux doit subir une lourde charge de travail avec des ho- raires difficiles, des salaires qui ne sont pas compétitifs par rapport aux autres secteurs, avec un âge de départ à la pension trop élevé par rapport à la pénibilité de leur métier.
Travailleurs épuisés
Résultat : les travailleurs s’épuisent rapidement et connaissent davan- tage de problèmes de santé, ceux qui sont à bout cherchent à partir vers d’autres secteurs ou réduisent leur temps de travail. Cela crée un cercle vicieux dans lequel la pénurie de personnel devient de plus en plus difficile à résorber et ceux qui restent ne voient pas le bout du tunnel. La crise du coronavirus n’a fait qu’aggraver cette situation déjà inquiétante auparavant.
Plutôt que de proposer un plan ambitieux et global pour réduire la charge de travail et augmenter l’attractivité de ces métiers, le gouver- nement a étendu les flexijobs à certains pans de la culture, aux ser- vices de santé et au secteur public des soins. De plus, aucune mesure de soutien n’est prévue dans le budget 2023 pour les secteurs sociaux et de la santé.
Refinancer le secteur
Pour inverser cette logique de désinvestissement dans ces métiers pourtant essentiels au bon fonctionnement de notre société, et après avoir déjà alerté de nombreuses fois les pouvoirs publics sur cette situation, nous ne pouvions que passer à l’étape supérieure en lan- çant une grande manifestation nationale du secteur. Nous attendions 10000 personnes à Bruxelles lors de cette journée, nous en avons eu le double. Cette forte mobilisation témoigne de l’urgence des mesures à prendre pour ces métiers.
Propositions
Il est grand temps que le gouvernement prenne des mesures d’ur- gence pour :
- attirer de nouveaux travailleurs dans le non-marchand ;
- garantir des emplois tenables et attractifs, avec des emplois dé- cents et des salaires compétitifs ;
- que les horaires et le temps libre des travailleurs soient respectés ;
- que le personnel du non-marchand puisse réduire son temps de travail en fin de carrière sans perdre de revenus, et bénéficie d'une pension décente ;
- que le secteur soit un partenaire à part entière dans les décisions politiques pour notre avenir.
Il est primordial de convaincre rapidement le monde politique des énormes besoins en investissements structurels dans le secteur non-marchand. Investir dans les secteurs des soins, du bien-être et de la culture, c’est investir dans la santé et la prospérité de l’ensemble de notre société. Le jour-même de la manifestation, à l’occasion du discours annuel du Roi aux autorités du pays, Alexander De Croo a rendu hommage aux enseignants, policiers, pompiers, mais aussi au personnel soignant, soulignant que « les pouvoirs publics ont le devoir absolu de soutenir ces personnes et de leur donner les outils et la liberté ». Espérons que notre Premier ministre joigne rapidement le geste à la parole.