Que de temps perdu en vain avant ce retour aux fondamentaux ! Le gouvernement fédéral a refixé le cadre de la négociation de l’accord interprofessionnel pour donner une dernière chance aux partenaires sociaux de s’entendre. Ce cadre est compatible avec les positions du Syndicat libéral et répond à plusieurs de nos inquiétudes.
Tout d’abord, la répartition de l’enveloppe bien-être a été découplée des discussions de l’AIP. Les employeurs avaient pris les allocataires sociaux en otage pour modérer les revendications des travailleurs. L’affaire traînait depuis trop longtemps, les partenaires sociaux auraient dû rendre un avis pour le 15 septembre. Le gouvernement a fait une proposition que les partenaires sociaux ont approuvée (avec quelques adaptations) pour la date butoir du 19 avril. Elle répond à notre attente de réduire le risque de pauvreté des bénéficiaires des allocations les plus basses, qu’ils soient pensionnés, malades, victimes d’un accident du travail, bénéficiaires d’allocations d’insertion ou chômeurs.
Fin du chantage, passons à l'AIP
Les partenaires sociaux ont jusqu’au 1er mai pour s’entendre sur l'AIP. Nous n’avons pas retrouvé toute la liberté de négociation que nous demandions. Pour cela, il faudra attendre une majorité politique pour réécrire la loi de 1996 sur la sauvegarde de la compétitivité. En attendant, la marge d’augmentation des salaires reste fixée à 0,4 %, mais les partenaires sociaux pourront négocier, en plus, des augmentations exceptionnelles ponctuelles pour les travailleurs des entreprises qui ont connu de bons résultats durant la crise. Il n’y a aucune raison que les actionnaires s’accaparent le résultat des efforts des travailleurs. Le gouvernement s’engage à ce que ces augmentations non récurrentes ne soient pas prises en compte dans le calcul de la prochaine marge salariale. Les mesures exceptionnelles et temporaires prises pendant la crise du coronavirus comme le télétravail obligatoire, le congé de vaccination, l’accord sur le secteur des soins et les primes uniques accordées dans les entreprises appartenant aux grandes chaînes de distribution alimentaire ne seront pas non plus incluses dans le calcul de l’évolution du coût salarial.
C’est une question d’équité, sinon, ceux qui ne recevront rien ou peu ce coup-ci seraient une deuxième fois pénalisés lors de la négociation de l’accord interprofessionnel 2023-2024. En ce qui concerne les autres dossiers de l’AIP 2021-2022, le gouvernement invite les représentants des travailleurs et ceux des employeurs à s’entendre sur la revalorisation des salaires minimums et l’harmonisation des régimes de pension complémentaire entre les ouvriers et les employés.
Si les partenaires sociaux n'y parviennent pas pour le 1er mai, le gouvernement reprendra la main avec tous les risques que cela comporte étant donné sa composition hétéroclite. La CGSLB mettra tout en œuvre pour parvenir à la conclusion d'un accord interprofessionnel.
Les travailleurs méritent un accord équilibré après avoir vécu une année pour le moins déséquilibrée !
Mario Coppens
Président national