Au comité de gestion de l’ONEM, il n’y a pas eu d’avis unanime des employeurs et des représentants des travailleurs sur les mesures du gouvernement relatives au crédit-temps, aux allocations d’insertion, à la disponibilité des demandeurs d’emploi, aux emplois de fin de carrière et au RCC (prépension). Le gouvernement et les employeurs n’ont offert aucune marge de discussion. En outre, les employeurs ont lié ces points à des concessions supplémentaires dans le dossier ouvriers-employés, qui n’est pourtant pas discuté au comité de gestion de l’ONEM. Le gouvernement a légèrement adapté quelques mesures transitoires, mais rien ne change sur le fond. Les représentants des travailleurs ont pourtant formulé à plusieurs reprises des propositions alternatives que les employeurs n’ont jamais pris la peine d’étudier attentivement.
Ce scénario était totalement prévisible. L’accord de gouvernement déséquilibré place les employeurs dans une position de négociation très confortable. Ils ne le savent que trop bien et le font clairement sentir. Contrairement à ce qu’ils affirment, ils adoptent une attitude intransigeante face aux syndicats.
En remettant en cause brutalement des accords existants et des CCT en cours sur le crédit-temps, les emplois de fin de carrière, le RCC et la disponibilité des chômeurs âgés, le gouvernement a en outre généré un véritable chaos sur le terrain. De très nombreux travailleurs et employeurs voient leurs plans remis en cause à très court terme. Cette insécurité juridique est très mal vécue dans les entreprises.
Quelles vont être les implications concrètes de ces différentes mesures ?
- Dix mille jeunes en fin de scolarité de moins de 21 ans sans diplôme minimum (le plus souvent issus de familles défavorisées) n’auront plus droit à une allocation d’insertion. Cette mesure s’ajoute à l’exclusion des jeunes décidée par le gouvernement tripartite précédent. Ils vont donc émarger au CPAS. On peut douter que cela les aide à trouver un emploi.
- Des dizaines de milliers de travailleurs à temps partiel involontaire vont perdre jusqu’à la moitié de leur allocation de garantie de revenu. Cette mesure touche principalement des femmes employées dans des secteurs où les salaires sont faibles, comme la distribution, le nettoyage et les titres-service. Elles vont perdre jusqu’à 25% de leur revenu.
- Des milliers de chômeurs temporaires verront leur allocation calculée sur la base de 65% de leur salaire, au lieu de 70%. Soit une perte de revenu de presque 10%.
- Les possibilités d’alléger la fin de carrière sont remises en cause. Le crédit-temps sans motif est supprimé et celui de fin de carrière devient impossible avant 60 ans.
- L’âge du RCC est augmenté de quatre ans. Les travailleurs qui exercent des métiers lourds ne sont pas épargnés. Pour un travailleur dans un système en quatre équipes, en travail de nuit ou dans la construction, ou avec une très longue carrière, l’âge de la prépension est porté de 56 à 60 ans. Il n’est nulle part question de qualité du travail.
- Les travailleurs âgés qui sont licenciés avant l’âge du RCC sont doublement touchés : ils n’ont pas droit au RCC et sont poussés vers la pauvreté en raison de la suppression du complément d’ancienneté.
- Les demandeurs d’emploi doivent rester disponibles jusqu’à 65 ans dans un marché du travail où ils ne sont de toute façon pas les bienvenus et où il n’y a pas d’emplois.
Enfin, il n’existe quasiment aucune mesure transitoire à ces nouvelles dispositions.
Les mesures du gouvernement Michel vont donc fortement augmenter la pauvreté des travailleurs, des jeunes et des plus âgés, détériorer la qualité du travail et ne créer aucun emploi.