Une manifestation européenne a été organisée le 12 décembre à l’initiative de la Confédération européenne des Syndicats (CES) contre un retour aux mesure d’austérité dans les pays membres.
En réaction à la crise financière de 2008, de nombreux pays européens en difficulté avaient choisi la voie de l’austérité. Le peuple grec s’en souvient particulièrement. En échange d’un « plan de sauvetage », l’Union européenne avait imposé à la Grèce des mesures visant à réduire drastiquement ses dépenses. Les fonctionnaires ont ainsi vu leur salaire baisser chaque année pendant 10 ans, leur 13e et 14e mois supprimés. Du côté du secteur privé, de nombreuses entreprises ont réduit leur effectif et également diminué les salaires du personnel restant. Le recours à l’arbitrage et la médiation lors de la conclusion de conventions collectives a été aboli, exposant les travailleurs à de nombreux abus en matière de conditions de travail. Tout le monde en a souffert, des travailleurs aux entreprises en passant par les pensionnés qui ont vu leur pension réduite également. Des personnes de plus de 65 ans ont été forcées de se remettre au travail pour s’en sortir.
En Italie, où de fortes mesures d’austérité avaient également été implémentées, cela a donné lieu à un sentiment de méfiance et de rejet à l’égard de l’Europe. Dans les années qui ont suivi, le discours anti-UE porté par l’extrême droite a trouvé un meilleur écho dans la population, ce qui lui a permis d’asseoir son pouvoir en Italie. L’extrême-droite monte d’ailleurs dans bien d’autres pays européens, plus récemment aux Pays-Bas. Depuis cette crise financière, 15 années ont passé et l’Union européenne ne semble pas avoir retenu la leçon. Après la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, le continent est de nouveau confronté à une forte augmentation du coût de la vie, tandis que les dettes publiques des États ont atteint des records. En réponse, certains responsables politiques européens proposent de ressortir la formule inefficace du retour à l’austérité.
Sommet européen
Le 8 décembre, les ministres des finances européens se sont réunis à Bruxelles. Certains d’entre eux ont un objectif clair : imposer à l’ensemble de l’UE des règles d’austérité strictes. Via une révision du Pacte de stabilité et de croissance, la Commission pousserait alors dès l’année prochaine les États membres à réduire les coûts de la sécurité sociale, des services publics et les investissements.
Tout cela est synonyme de blocage des salaires, et pas seulement dans les services publics. Les gouvernements vont davantage être tentés de privatiser et de s’attaquer aux pensions et aux allocations de chômage pour faire des économies. Bref, cette politique s’annonce destructrice sur le plan économique, social et démocratique.
Manifestation à Bruxelles
Les 14 et 15 décembre s’est tenu un Sommet européen à Bruxelles, où la question d’un retour à l’austérité était à l’ordre du jour. Notre sécurité sociale, nos services publics, notre économie et les conditions de travail de millions de personnes sont menacés. C’est pourquoi la CGSLB s’est associée à de nombreux autres syndicats européens pour manifester dans les rues de la capitale. Nous étions près de 10 000 personnes à dire non à cette politique dont nous ne voulons pas, et oui à de plus grands investissements dans les services publics, à des salaires décents et à une politique industrielle européenne compatible avec les objectifs climatiques et qui respecte la qualité et la durabilité de l’emploi. Á l’heure d’écrire ces lignes, nous ignorons encore si notre mobilisation a été entendue et prise en compte par les dirigeants européens, mais nous remercions d’ores et déjà celles et ceux qui ont répondu présent ce jour-là.