Les travailleurs de Delhaize ont reçu un courrier étonnant de leur direction. Celle-ci s’étonne de ce que les travailleurs réagissent au plan de licenciement de 2 500 personnes par des fermetures de magasins.
Pascal Freson, notre négociateur en charge du dossier, a rédigé un pastiche de cette lettre. Non, les travailleurs ne sont pas contents de la mauvaise volonté que la direction met à répondre à leurs questions dans le cadre de la phase 1 de la procédure Renault.
Nous nous permettons de revenir sur les incidents survenus dans vos supermarchés ces dernières semaines.
Nous comprenons que le plan de transformation annoncé suscite des émotions, y compris au sein d’une Direction qui semble à tout le moins dépassée par les événements dont elle est pourtant la seule et unique instigatrice. Les actions qui sont menées, et le seront probablement encore si vous ne changez pas votre fusil d’épaule, entrent pleinement dans ce cadre. Un seul magasin était fermé dans toute la Belgique ? Il y en aura d’autres. Vous en voulez plus ? Ne changez rien à votre façon de faire.
Nous prenons note de votre souci de trouver des solutions, par exemple au moyen du dialogue interne. À ce jour, ce dialogue n’a pas encore été utilisé par les membres de la Direction : dialoguer, cela ne veut pas dire imposer à tout prix votre logique. Dans le cadre de la première phase d’une restructuration, dialoguer c’est avant tout répondre aux questions qui vous sont posées. De manière claire. Précise. Et à toutes les questions…
Lors des derniers Conseils d’Entreprise, nous déplorons avoir dû faire face aux refus intempestifs et irréguliers de répondre à certaines questions. Nous souhaitons souligner que votre action va à l’encontre des règles de la législation et des usages en la matière. Les organisations syndicales ont toujours favorisé et donné la préférence au dialogue interne. Elles sont en droit d’espérer que cela sera encore possible dans le futur.
Nous espérons que vous êtes conscients du fait que les changements stratégiques opérés ces dernières années par les directions successives, parfois au détriment du bon sens, ont eu pour conséquence une perte importante de chiffre d’affaires, d’autant plus que la plupart du temps vous négligez l’écoute aux membres de votre personnel, pourtant en contact direct avec la réalité du métier et celle du terrain. Et ceci sans parler du fait que vos fidèles clients se sentent concernés par la manière dont vous traitez votre personnel alors que votre chiffre d’affaires permettra de payer un dividende à vos actionnaires.
Par ailleurs, et pour autant que nécessaire, nous vous rappelons que la paix sociale a un coût, mais que la solidarité, elle, n’a pas de prix !
Nous vous prions de croire à l’expression de notre plus sincère solidarité avec les travailleurs et restons à votre écoute pour enfin, entendre vos réponses à toutes les questions que se posent vos travailleurs.