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Obsolscence programmée : fatalité ou complot organisé ?

03/06/2013 - 11h

Un lave-linge en panne au bout de quatre ans. Une imprimante qui rend l'âme juste après l'expiration de la garantie. Des pièces détachées de votre frigo, acheté il y a seulement trois ans, introuvables… Il fut aussi un temps où les biens cassés étaient automatiquement réparés. Aujourd’hui plus que jamais, on a l’impression que les biens de consommation tiennent moins bien la route qu'auparavant. Fatalité ? Complot organisé ?

C’est au tour du Centre européen de la consommation (CEC) de pointer du doigt le phénomène d’«obsolescence programmée». Mais de quoi s’agit-il ? Quelle serait l’utilité d’une telle pratique ?

Certains produits seraient confectionnés par les fabricants pour ne plus fonctionner après un temps d’utilisation donné, une façon d’empêcher le consommateur de les réparer et l’inciter à les remplacer plus souvent. Cette pratique serait particulièrement utilisée par les constructeurs d’appareils électroniques et électroménagers. En avril dernier, le CEC publiait une étude intitulée : « L'obsolescence programmée, dérive de la société de consommation ». De quoi relancer le débat sur cette question.
 

Pannes sous contrôle

Limiter délibérément la durée de vie d’un produit pour inciter le consommateur à le changer encore et encore est un phénomène qui semble malheureusement s’amplifier. Si on parle d’obsolescence programmée dans l’électronique, on la retrouve aussi dans le domaine de l’agroalimentaire. Comme l'ignorance des notions de « date limite de consommation » ou « date de péremption » peut avoir des conséquences : produits jetés à la poubelle pourtant encore consommable, risques pour la santé par une consommation de produit…

Par ailleurs, les diktats de la mode et les nouveaux produits qui arrivent sur le marché, poussent les consommateurs à changer régulièrement d’appareils, pour en acquérir des moins démodés, surtout plus performants, des plus beaux, des plus neufs, de plus… tout ! Seulement, ça ne dure que le temps d’une saison… Le CEC donne des exemples concrets d’obsolescence programmée. En voici quelques-uns et leurs manifestations.

L’obsolescence par défaut fonctionnel

La plus prédominante : une seule pièce tombe en panne et l’appareil cesse de fonctionner. C’est le cas des téléviseurs, des machines à laver ou des réfrigérateurs.

L’obsolescence par incompatibilité

Surtout dans le secteur de l’informatique : dans ce cas, pour qu’un appareil fonctionne de façon optimale, il faut télécharger des applications ou des logiciels, ou alors, acheter tout de go des appareils toujours plus récents.

L’obsolescence indirecte

Ici ce sont les accessoires qui posent problème. Sur beaucoup d'appareils, il n’est pas aisé d’enlever ou de remplacer la batterie ou le chargeur par exemple, ce qui les rend inutilisables.

L’obsolescence par notification

Les imprimantes en sont l’emblème. Dans ce cas, on parle de cartouches d’encre équipées de systèmes qui alertent sur le niveau d’encre, pour des cartouches encore pourtant à moitié pleines. Certaines imprimantes contiendraient même des puces électroniques rendant leur utilisation impossible au-delà d’un certain nombre de feuilles imprimées.
 

Et l’environnement dans tout ça ?

Mythe ou réalité, le cycle de vie et la consommation des équipements électriques et électroniques présentent des impacts environnementaux significatifs, en termes d’utilisation de ressources, d’émissions de gaz à effet de serre ou encore de pollution. De même, la surproduction de déchets liée à cette consommation engendre de lourdes conséquences dans les pays en voie de développement où ils sont exportés.

Ces déchets, classés dans la catégorie des produits dangereux, contiennent des substances très toxiques comme le plomb et le mercure. Lors des activités de démontage et de récupération de ces équipements, ces composés s’échappent et polluent l’environnement, de même qu’ils empoisonnent l’organisme des personnes qui les manipulent, dans des conditions inimaginables.

Selon le rapport de l’UNEP, 30.000 personnes, dont beaucoup d’enfants vivent de ces activités au Ghana et au Nigéria. Si la multitude de biens jetés en raison d’une mort prématurée augmente significativement le nombre de déchets, elle augmente également le nombre de personnes vivant d’activité précaire et dans des situations dangereuses. Ceci ne montre pas autre chose qu’une facette de la surconsommation en dérive.

La lutte contre l'obsolescence

À l’heure où la gestion plus efficiente des matières premières devient une préoccupation internationale et la prévention, une des priorités fixées par la Directive européenne cadre relative aux déchets, il est important d’étudier les leviers pour diminuer la consommation de ressources et donc de la quantité de DEEE (Déchets électriques, électroniques et électroménagers) à traiter annuellement :

  • Une directive européenne (Directive 2009/125/CE du Parlement européen) incite les entreprises à l'écoconception des produits. De même, des outils tels que l’Analyse de Cycle de Vie, servent aux industriels à imaginer des modèles fondés sur le caractère recyclable ou sur l’économie circulaire.
     
  • Un autre levier pourrait être l’allongement de la durée de vie des appareils lors de la phase d’utilisation, par le réemploi, la réutilisation et la réparation.
     
  • Transformer l’acquisition d’un bien en la fourniture d’un service est également un levier à prendre en compte.
     
  • Le législateur pourrait pousser les industriels à produire des biens plus durables en intégrant des règles strictes d’incorporation de matière recyclée et, pourquoi pas, allonger la durée de garantie des appareils vendus aux consommateurs.

L’environnement est, au même titre que le pouvoir d’achat des consommateurs ou le taux de croissance, au coeur des débats. Le Conseil économique et social européen travaille actuellement à la rédaction d'un avis qui pourra soumettre à la Commission et au Parlement européens, la mise en place de nouvelles directives. Une audition publique sur le sujet a été organisée le 7 mai 2013 à Bruxelles.
 

Et vous ?

En attendant, les consommateurs ont aussi une part de responsabilité. En agissant en amont, nous pouvons éviter de tomber dans le panneau de l’obsolescence programmée. Avant tout achat, posonsnous des questions et réfléchissons :

  • Est-il nécessaire de changer de téléphone tous les 2 ans ?
  • Lorsqu'un objet est cassé, est-il possible de le réparer plutôt que d'en acheter un nouveau ?
  • Renseignons-nous en amont sur la qualité des produits, par exemple, quelles sont leurs performances énergétiques ?
  • Lors de l'achat, assurons-nous des conditions de fabrication.
  • Préférons la qualité à la quan¬tité et dans la mesure du possible, achetons un rien plus cher.
  • Le site www.garantie5ans.com propose une liste d'objets protégés par une garantie allongée.

En somme, consommons autrement. Et surtout, n’oublions pas que le forfait « ressources de la planète » n’est pas illimité…

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