Le gouvernement wallon prétexte la succession des crises pour court-circuiter la concertation sociale institutionnalisée. La CGSLB comprend l’urgence de réorienter les faibles moyens financiers de la Région vers l’essentiel. Le dialogue entre représentants des syndicats et des employeurs constitue toutefois une garantie que l’exécutif wallon tranche en faveur de l’emploi et des citoyens au lieu de procéder à des arbitrages purement politiques.
Après la pandémie du covid et les inondations, nous voici confrontés à l’augmentation des prix et à l’invasion de l’Ukraine. Le ministre-président de la Wallonie Elio Di Rupo a invoqué l’urgence et la situation budgétaire de la Région pour mettre entre parenthèses la concertation structurée au sein du Conseil économique, social et environnemental (CESEW) et du Groupe des Partenaires sociaux (GPSW). Il a préféré favoriser des concertations avec un nombre de partenaires réduit et privilégiés.
En petit comité
« C’est une évolution problématique » analyse Christian Lochet, Secrétaire régional wallon de la CGSLB. « Aux institutions qui fonctionnent bien et qui - certes – ralentissent parfois les procédures parce qu’il s’y déroule un débat technique et démocratique avec des experts et des décideurs des organisations de travailleurs et d’employeurs, et environnementalistes, Elio di Rupo préfère un mécanisme de consultation avec des partenaires privilégiés. On se souvient des tractations qu’il a menées en aparté avec l’UWE et FGTB suite à un article paru dans l’Écho où Olivier de Wasseige (Administrateur délégué de l’UWE) et Jean-François Tamellini (Secrétaire général de la FGTB wallonne) avaient exprimé leurs réserves sur le Plan de Relance et revendiquaient des investissements plus structurants pour relancer l’économie wallonne.
« Le CESEW a rué dans les brancards » rappelle Christian Lochet, « non seulement parce que les autres organisations se sont senties écartées, mais surtout parce que les experts du CESEW qui nous éclairent sur les conséquences juridiques, économiques, sociales, environnementales… des choix à opérer n’avaient plus voix au chapitre. Suite à cela les choses se sont un peu améliorées et des procédures de reportings ont été mis en place entre nous. Mais ce ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois… la concertation a tout de même été sérieusement mise à mal.»
La concertation, ça marche
Fait que nous n’avons pas suffisamment l’occasion de souligner, la concertation sociale marchait bien entre les partenaires sociaux et le gouvernement.
« Au vu de la gravité de la situation, à la CGSLB nous avons décidé d’accepter, pour un temps limité, de faire confiance à une représentation plus restreinte pour dialoguer avec le gouvernement à condition que l’ensemble du CESEW et du GPSW soit tenu au courant de l’évolution des discussions. Mais le CESEW doit absolument se retrouver très rapidement au centre des négociations pour orienter des arbitrages politiques. Car, malheureusement, chaque parti de la majorité tente de sauver ses totems, indépendamment de la recherche de l’efficacité économique, sociale et environnementale maximum. »
Garantir la formation
Pour ne prendre que l’exemple de la réécriture du Plan de Relance que nous savons en cours, il ne faudrait pas que la réforme des aides à la formation passe à la trappe.
« Le GPSW a négocié de longs mois avec la ministre Christie Morreale un mécanisme unifié de passeport wallon à la formation qui offrirait un droit à la formation individuelle. Nous sommes presque arrivés à un consensus » explique Christian Lochet. C’est un dossier complexe qui comprend les chèques formation, le crédit-temps, le congé-éducation payé et qui propose même des synergies avec les fonds sociaux sectoriels. Il est intrinsèquement lié à deux autres problématiques importantes que sont les métiers en pénurie, et la formation des travailleurs fort éloignés de l’emploi. « Or nous n’entendons plus parler du budget initial de 46 millions et des 100 millions prévus pour la formation dans le plan. Nous sommes prêts à négocier des modifications, mais nous voulons absolument être associés aux discussions dans un dossier que nous avons suivi depuis le début ».
Créer des emplois
Plus globalement la CGSLB déclare depuis deux ans déjà que le Plan de Relance Wallon doit se focaliser sur des dossiers structurants, ceux qui créeront de l’emploi et de la valeur ajoutée pour les entreprises et les citoyens wallons. Les fiches du PRW en rapport avec les grands chantiers : rénovation du bâti, transport multimodal… sont essentielles. Améliorer les process d’accès et les cahiers des charges des marchés publics pour que les entreprises wallonnes (PME y compris) puissent obtenir des marchés et conserver ainsi, en Wallonie, la part la plus importante possible de valeur ajoutée, c’est capital !