Le Sommet européen des 28 et 29 juin s’annonçait crucial pour l’avenir de l’Europe. En finir avec l’austérité et adopter des politiques qui visent une croissance durable et des emplois de qualité tout en assurant des salaires justes et l’égalité de traitement, tels étaient les messages que nous avions donnés aux dirigeants européens avant la tenue du Sommet. Avons-nous trouvé écho ?
Les politiques d’austérité menées par la plupart des gouvernements européens depuis le début de la crise se résument en quelques points : Stagnation économique, taux de chômage vertigineux, augmentation des inégalités et désespoir social. Autant d’éléments qui viennent peser sur la monnaie unique et le projet d’intégration européenne qui se trouvent ainsi- eux aussi - menacés.
Pourtant, des issues de secours restent possibles pour l’Europe. Côté syndical, les politiques gagnantes devraient passer par des mesures d’investissement réelles et tangibles afin de relancer la croissance, le gel de l’austérité, la création d’euro-obligations, une Banque centrale européenne qui lutte efficacement contre la spéculation sur les obligations souveraines, le strict respect de la liberté et de l’autonomie des négociations collectives, la promotion de salaires décents pour tous afin de stimuler la demande et la croissance, l’harmonisation de l’assiette pour l’impôt sur les sociétés accompagnée d’un taux minimum d’imposition, la mise en œuvre rapide de la taxe sur les transactions financières et une lutte nettement plus déterminée contre les paradis fiscaux.
Conclusions du Sommet : Recapitalisation directe des banques en difficulté et Pacte de croissance
Après plusieurs heures de discussions la nuit du 28 juin, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy annonçait que les dirigeants de la zone euro s'étaient mis d'accord sur le principe de la création d'une instance unique de supervision des banques de la zone euro, et étaient convenus qu'elles pourraient être recapitalisées directement par le Mécanisme européen de stabilité financière (MES).
Pourquoi ? L'objectif est de créer un mécanisme de supervision impliquant la Banque centrale européenne (BCE) d'ici la fin de l'année, et de rompre le "cercle vicieux" entre banques et Etats. Les pays qui se conforment aux critères budgétaires de l'UE pourraient avoir accès au MES pour soutenir leurs obligations sur les marchés financiers.
Les dirigeants européens se sont ainsi mis d'accord pour un « Pacte pour la croissance » d'un montant de 120 milliards d'euros (par le biais des fonds structurels, de la Banque européenne d'investissement et de "project bonds" destinés à financer de grands chantiers) pour des mesures immédiates de croissance. Toutefois, l'Italie et l'Espagne ont annoncé qu'elles réservaient leur accord à l'adoption des mesures pour la croissance en Europe à la mise en place de solutions d'urgence pour les pays en difficulté financière.
Réactions syndicales
Bien qu’il soit positif que des mesures immédiates pourront être prises pour faire baisser les taux d’intérêt des pays sous pression des marchés, les mesures envisagées sont loin d’assurer une stabilisation de la monnaie, la relance de l’économie et la baisse du chômage. Les banques pourront être secourues, mais rien ne laisse croire que les salaires, la protection sociale et les services publics pourront être sauvées.
Nous constatons que mis à part une augmentation du capital de la Banque européenne d’investissements (BEI), il s’agit d’une utilisation améliorée des fonds européens et d’une mise en œuvre de programmes déjà existants. Nous étudierons en profondeur les propositions pour une union bancaire, budgétaire et économique qui sont sur la table et demandons à être consultés sur les développements qui affectent l’avenir des travailleurs et des citoyens.