La CGSLB donne la parole à ses délégué.e.s
La CGSLB, le Syndicat libéral, a sondé ses délégué.e.s dans 122 entreprises bruxelloises issues de 26 secteurs différents pour mieux comprendre la réalité du terrain. L’enquête, qui s’est déroulée en janvier et février 2025, visait à dresser un état des lieux de la qualité de l’emploi dans la Région de Bruxelles-Capitale, à travers une multitude d’aspects concrets : concertation sociale, stabilité de l’emploi, ambiance de travail, perspectives de formation, équilibre vie privée/vie professionnelle, égalité salariale, etc. Les résultats confirment ce que nos représentants observent chaque jour : notre présence est la garante du maintien de la qualité des emplois mais il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine pour les travailleurs et travailleuses bruxellois.e.s.
« On parle beaucoup d’emploi à Bruxelles, mais rarement de la qualité de cet emploi. Or, il est impossible de lutter efficacement contre les pénuries, les inégalités ou les burnout sans s’intéresser à la réalité vécue dans les entreprises », déclare Michaël Dufrane, Secrétaire régional bruxellois de la CGSLB.
Un manque de confiance envers les représentants des travailleurs
Si la concertation sociale est censée jouer un rôle central dans l’amélioration des conditions de travail, elle est encore loin d’être optimale sur le terrain. Notre enquête révèle une moyenne positive de 6,73/10 concernant le respect de la concertation sociale, un score honorable, sans doute lié aux obligations légales. Mais cette moyenne diminue à 5,83 quand il s’agit d’évaluer la confiance de l’employeur vis-à-vis des représentants des travailleurs, et passe à 5,03 sur le fait d’être associés ou non aux perspectives d’avenir de l’entreprise.
« Respecter la loi, c’est une chose. Travailler en confiance, une autre. Mais partager ses projets, impliquer les délégués dans les projets d’avenir, c’est encore plus compliqué pour les employeurs. Gérer, c’est prévoir ! Et notre souci, c’est de nous assurer de la place des travailleurs dans l’avenir dans les entreprises. Agir en amont est généralement plus efficace que d’intervenir quand les décisions sont prises et qu’il reste peu de marge de manœuvre », explique Michaël Dufrane.
De grandes disparités entre les secteurs
Que ce soit sur la stabilité de l’emploi, le droit à la formation pour toutes les catégories de travailleurs, ou encore les mesures visant à prévenir le harcèlement moral, la CGSLB constate de grandes disparités entre les différents secteurs. Les hôpitaux, l’horeca et le transport obtiennent souvent de mauvais scores, alors qu’il s’agit précisément de secteurs touchés par des pénuries.
« Des conditions de travail intenables peuvent soit mener à de incapacités de travail, soit à des démissions non réellement voulues. Et l’on sait que les absences, de quelque nature qu’elles soient, impactent négativement les équipes en place. C’est là qu’on voit que la qualité de l’emploi est un élément fondamental, c’est l’une de nos premières priorités en tant que syndicat », commente Michaël Dufrane.
Égalité salariale : le manque de transparence persiste
L’égalité de rémunération entre femmes et hommes est globalement respectée dans les entreprises, avec une note de 7,12, mais reste difficile à atteindre en l’absence d’outils clairs pour en mesurer les écarts. Dans les entreprises de plus de 50 travailleurs, l’employeur doit dresser tous les 2 ans un rapport d’analyse détaillée de la structure des rémunérations dans l’entreprise et le transmettre au Conseil d’entreprise. Le but est de voir si la politique de rémunération dans l'entreprise est neutre d'un point de vue du genre.
« Nous avons voulu savoir si les équipes avaient connaissance de ce rapport. Les résultats ne sont pas très bons : 62 % des répondants ne sont pas au courant. Ce qui est étonnant car, pour rappel ce rapport d'analyse est obligatoire dans certains cas. Il faut donc continuer à sensibiliser nos équipes ! », indique Patricia De Marchi, conseillère à la Régionale bruxelloise de la CGSLB.
Nos recommandations pour une politique régionale ambitieuse
Sur base de cette enquête, la CGSLB a formulé plusieurs recommandations prioritaires à l’attention des responsables politiques bruxellois :
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Renforcer l’attractivité des métiers en pénurie par l’amélioration de la qualité de l’emploi.
Dans de nombreux secteurs en tension, c’est bien le manque de conditions de travail décentes qui freine l’engagement. Agir sur la qualité de l’emploi est une des clés pour rendre ces métiers à nouveau attractifs. -
Mesurer la qualité de l’emploi au niveau sectoriel, en lien avec les acteurs de terrain.
À Bruxelles, des structures comme les pôles formation emploi (Digitalcity, Logisticity, Construcity, HorecaBePro, Technicity, Plate-forme Non Marchand) permettent une approche ciblée par secteur. Cela rend les comparaisons plus pertinentes et l’action plus efficace. -
Développer des indicateurs sociaux sectoriels pour responsabiliser les entreprises.
L’objectif est de permettre à chaque entreprise de se positionner dans son secteur, d’identifier les mauvaises pratiques et de favoriser la diffusion des bonnes.
Dans ce cadre, le Comité régional bruxellois donne mandat à son Bureau régional pour développer un outil structurel de comparaison de la qualité de l’emploi entre entreprises et entre secteurs, afin d’identifier les bonnes pratiques et les situations problématiques. « À travers cette enquête, nous avons voulu créer un outil utile, à la fois pour nos délégué.e.s, pour les partenaires sociaux et pour les responsables politiques. Aujourd’hui, nous voulons passer à l’étape suivante : transformer ce diagnostic en levier d’action », conclut Michaël Dufrane.
La qualité de l’emploi est un levier essentiel pour le bien-être des travailleurs et travailleuses et pour une économie durable. La CGSLB poursuivra cet engagement avec ses délégué.e.s, au service d’un monde du travail plus juste et plus respectueux des personnes.