Les organisation partenaire de l’asbl MSI/CGSLB et COVID-19

19/05/2020 - 10h

L'importance d'un dialogue social et d'une protection sociale solides, deux piliers essentiels du Travail Décent dans la lutte contre le COVID-19

L'Organisation internationale du Travail a averti qu'une deuxième vague d'infections pourrait se développer si les garanties nécessaires pour le retour des travailleurs n’étaient pas prises. "La façon dont nous protégeons nos travailleurs actuellement définit désormais la sécurité de notre société et la résilience de nos entreprises à mesure que cette pandémie évoluera", a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder. Les syndicats ont bien compris cet appel et les organisations partenaires de l’asbl MSI / CGSLB font également tout pour aider leurs membres à traverser cette crise.

Afrique du Sud

En Afrique du Sud, le gouvernement a rapidement pris la décision de procéder au confinement le 27 mars 2020, alors qu'un seul décès officiel avait été enregistré. À la mi-mai, le nombre de décès était de 238 et le nombre d'infections d'un peu plus de 12 700.

Le pays fait tout ce qu'il peut pour maintenir un équilibre fragile entre la santé et l'économie, mais ce n'est pas si évident dans la pratique. Les partenaires sociaux se sont réunis très rapidement au sein du Conseil national du travail sud-africain pour conclure un certain nombre d'accords. Le plus important semble être le paiement de l'assurance chômage. Environ 1,5 million d'entreprises sont enregistrées auprès du fonds d'assurance chômage. Elles peuvent introduire une demande pour leurs employés pendant la crise corona. La caisse de chômage verse un montant maximum de 6.730 zar (350 euros) pour 3 mois et un minimum égal au salaire minimum national de 3.500 zar (185 euros). Mais qu'en est-il de tous les travailleurs du secteur informel ou de ceux qui travaillent dans une entreprise qui ne sont pas affiliés à la caisse de chômage? Ceux-ci retombent sur une allocation sociale spéciale covid-19 de 350 zar (20 euros) par mois, juste assez pour acheter un pain par jour!

Dans un moment rare d'unité, les organisations d'employeurs et de travailleurs d’Afrique du Sud ont demandé que les employeurs qui ne transfèrent pas l'argent de l'assurance-chômage à leurs travailleurs soient emprisonnés!

Après un mois de confinement, le gouvernement a présenté un plan de déconfinement très prudent à partir du 30 avril. Certaines entreprises peuvent rouvrir. Dans la pratique, cependant, il semble que de nombreux employeurs offrent à leurs employés le choix entre un lieu de travail non sécurisé avec le risque de contracter le virus Covid-19 et le licenciement s'ils ne se présentent pas au travail. La COSATU (Congress of South African Trade Unions) a communiqué à tous ses affiliés et délégués syndicaux que si leur lieu de travail n'est pas organisé selon les règles de sécurité et de santé corona prescrites, les employés doivent cesser de travailler! Les syndicats sont actuellement submergés de cas de licenciement abusif et de violation des droits du travail en exigeant des membres des syndicats des diminutions de salaire ou des congés obligatoires. Pour aider les membres des syndicats dans leur dossier, la COSATU, en collaboration avec le ministère du Travail sud-africain, a ouvert une «hotline» pour faciliter la circulation des informations.

Les partenaires de l'asbl MSI / CGSLB en Afrique du Sud, la COSATU et SACCAWU (South African Commercial, Catering and Allied Workers Union), demandent à leurs délégués syndicaux d'élaborer un plan contre le covid-19 sur le lieu de travail par le biais du Comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) et faire ainsi en sorte que la santé et la sécurité de leurs affiliés puissent être garanties par le dialogue social.

Burundi

Le Burundi connaît selon les chiffres officiels, une circulation du virus corona très limitée. Les deux premiers cas ont été constatés le 31 mars, entre-temps, le compteur est à 35 infections, dont 1 décès et 14 guérisons - avec une population comparable à celle de la Belgique.

On ne sait pas exactement ce qui cause les faibles taux d'infection au Burundi, ainsi que dans d'autres pays d'Afrique centrale. De nombreuses hypothèses sont avancées quant à la raison de ces faibles chiffres. La capacité de test limitée et surtout la population très jeune (45 à 46% des Congolais et des Burundais ont moins de 15 ans!) en sont les explications les plus probables.

Au Burundi, le gouvernement a rapidement fermé ses frontières et mis en quarantaine ceux qui venaient de l'étranger. Entre autres, le président de notre syndicat partenaire COSYBU (Confédération des Syndicats du Burundi), qui nous avait rendu visite en Belgique juste avant le confinement, a dû appliquer cette quarantaine dans un triste hôtel.

Cela n'a pas empêché la COSYBU d’entrer en concertation avec le gouvernement sur les mesures à prendre, ce qui a principalement montré que les syndicats (comme les autres organisations de la société civile) souhaitaient faire preuve d'une plus grande prudence que le gouvernement lui-même. Même si le gouvernement a, entre-temps, reconnu l'existence de cas de COVID dans le pays, et même si les agents de santé parlent d'une sous-estimation du nombre de cas, cela ne va pas plus loin qu'une recommandation de se laver les mains et de prier que Dieu épargne au pays une généralisation de la pandémie. Les propositions des partenaires sociaux visant à exiger davantage de mesures barrières (distance,…), en public et dans les entreprises, n'ont pas été retenues.

Malgré les mesures limitées, la population qui vit au jour le jour (moins de 1 Burundais sur 10 a un emploi formel) est déjà gravement touchée par la pandémie: l'importation de biens a cessé, les prix des produits alimentaires et autres ont très fortement augmenté et de nombreuses personnes ont perdu, en raison du ralentissement de la vie publique, la possibilité de gagner leur salaire quotidien. Même si les employeurs et les travailleurs ont préconisé conjointement des mesures (les transferts monétaires en tant que forme limitée de protection sociale) dans le dialogue social, aucun soutien spécial n'est actuellement fourni à une population déjà très vulnérable.

Cela met une fois de plus en évidence la nécessité de meilleurs mécanismes de protection sociale dans le Sud et de meilleures législations du travail afin que les travailleurs ne soient pas brisés du jour au lendemain et puissent exécuter leur travail en toute sécurité - exigences que notre partenaire a défendues depuis des années.

Alors que le gouvernement minimise les risques, la COSYBU continue également de rechercher des solutions à court et moyen terme. La célébration nationale de la fête du Travail a été utilisée pour continuer à sensibiliser, la distanciation sociale et le port du masque sont obligatoires dans leurs propres activités (voir photo), et un accord est en cours avec les employeurs sur des règles supplémentaires en matière de sécurité et de prévention au travail. En temps de crise, les deux côtés du dialogue social au Burundi se rapprochent!

Sénégal

Au Sénégal, les mesures de contingentement du COVID-19 ont rapidement été mises en place dès l’apparition du premier cas. Le gouvernement a progressivement pris des mesures de fermeture des frontières aériennes et terrestres, des écoles et universités, ainsi que l'interdiction des manifestations sportives, culturelles et religieuses. Les populations ont également été sommées de restreindre leurs déplacements. C’est ainsi que l’état d’urgence assorti à un couvre-feu national de 20h à 6h et une interdiction de déplacement interurbain a été proclamé le 23 mars 2020. A cela, s’est ajouté la mise à disposition d’une aide alimentaire et économique pour les particuliers et les entreprises d’où l’affectation de 64 milliards de FCFA (environ 104,4 millions $) aux actions de réduction des effets de la pandémie du coronavirus sur l’économie nationale.

La Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS) a de suite pris  part à la campagne de sensibilisation par  la diffusion de déclarations, de communiqués de presse et de vidéos sur les gestes barrières et sur les mesures sanitaires.  De même, la bourse du travail de la CNTS a été momentanément fermée jusqu’à nouvel ordre. Cependant, l’activité syndicale continue… Les délégués et responsables syndicaux maintiennent les activités urgentes avec les dispositions nécessaires car beaucoup de travailleurs restent impacté par la pandémie. C’est ainsi qu’une délégation syndicale dirigé par Mody Guiro, Secrétaire Général de la CNTS, a été reçu par le Président qui a de suite répondu favorablement à l’une de leur doléance qui consistait à la provision de 300 bus pour les travailleurs qui rencontrent d’énormes problèmes de transport depuis le début de l’état d’urgence.

De même une ordonnance présidentielle modifiant le code du travail a également été prise afin d’interdire les licenciements et de garantir des revenus aux travailleurs mis au chômage technique durant la pandémie du COVID-19. Le département de l’économie informelle a également pris part aux actions de solidarité, à travers le syndicat national des tailleurs de l’informel affilié à la CNTS, par la confection et la distribution de masques en faveur des acteurs du secteur . Le syndicat des motos-Jakarta a aussi fait beaucoup de sensibilisation autour des motos-Jakarta clandestins qui contournent les restrictions sur les déplacements interurbains car ceux-ci sont considérablement affectés par l’arrêt de leurs activités. Un fort plaidoyer à l’encontre du ministre des transports a été mené afin de solliciter un accompagnement face à ces mesures restrictives.

Toutefois, dans un pays où la majorité de la population dépend à 90 % de l'économie informelle, interdire les déplacements, restreindre les heures de travail et fermer les marchés hebdomadaires « louma » créent un autre « drame social » plus grave. C’est ainsi que le 12 mai 2020, le Président a assouplit les mesures initialement prises malgré l’augmentation des cas communautaires avec un réaménagement des horaires de couvre-feu et la réouverture des marchés à 6 jours sur 7. Cette décision est fort mitigée mais la réouverture des activités économiques est d’autant plus souhaitable que les fonds de solidarité mis en place par l’État pour soutenir les ménages pauvres ; fonds qui ne suffisent pas jusque-là à couvrir tous les ménages impactés du COVID-19  au Sénégal.

En autorisant la reprise de certaines activités informelles, l’État permet en même temps aux acteurs concernés de pouvoir subvenir au moins partiellement à leurs besoins et de réduire leur dépendance envers l’assistance publique. En effet, si le secteur informel paie très peu d’impôts directs, il contribue fortement à l’impôt indirect, qui constitue la part la plus importante des recettes fiscales. Cependant, il est donc d’autant plus souhaitable de renforcer la sensibilisation sur les gestes barrières et le port du masque afin de freiner l’augmentation journalière des cas communautaires. Le Sénégal compte à ce jour du 14 mai 2020, 2310 cas dont 890 guéris et 25 décès.

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