Les trois premiers jours de la Conférence du centenaire ont vu se succéder à la tribune de très nombreux chefs d’Etat et de gouvernement. Jamais par le passé autant d’importance n’a été donnée à l’Organisation internationale du travail. C’est dire la place que chacun, organisations syndicales et patronales et Etats membres, accordent à l’avenir du travail et à la nécessité de négocier ensemble des solutions pacifiques pour la justice sociale et le travail décent, et pour appréhender de manière juste les transitions écologiques et numériques.
Tous les intervenants se sont logiquement inscrits dans les principes fondateurs de l’Organisation internationale du Travail : une paix durable ne peut être fondée que sur la justice sociale. En clair, qui veut la paix, cultive la justice sociale. Cette phrase apparaît comme universelle. Que ce soit pour un pays qui sort d’un conflit armé, d’une période politique dictatoriale, ou soumis à des changements climatiques forts. Mais aussi pour nos démocraties occidentales, en proie à une croissance constante des inégalités. C’est d’ailleurs cette justice sociale qui a manqué cruellement au gouvernement belge précédent.
A cette tribune, Emmanuel Macron, avec ses qualités oratoires habituelles, a fait forte impression. Dans une intervention de près d’une heure, c’est l’un des seuls à avoir évoqué de manière directe le spectre possible de la guerre si nous ne changeons pas. Si la mondialisation ne se fait pas plus sociale, si l’on ne s’attaque pas aux inégalités et si les Etats ne prennent pas leurs responsabilités. Et la méthode pour cela, c’est le multilatéralisme, tout particulièrement le travail au niveau de l’OIT.
Et il a surtout plaidé pour la cohérence des discours. Ne pas tenir un discours social engagé à l’OIT, mettant l’humain au centre des préoccupations, et un autre discours au G20 ou devant le FMI. Reste maintenant à lui rappeler cet engagement pris, répété plusieurs fois d’ailleurs. Nous comptons pour cela sur nos collègues des organisations syndicales françaises.
Et à cette même tribune, dans un duo européen à distance, Angela Merkel, la chancelière allemande, n’a pas dit autre chose. L’urgence reste de mise et il nous faut nous engager pour le travail décent. Lutter contre les inégalités qui se creusent. Et garantir un meilleur accès des femmes dans le monde du travail, aussi et surtout dans les fonctions décisionnelles. Elle a aussi réaffirmé sa conviction dans les résultats d’une négociation multilatérale : « le compromis nous permet d’aller plus loin ».
Parmi les chefs d’Etat qui prendront la parole la semaine prochaine, pour la Belgique, le Roi Philippe s’adressera à la Conférence. Nous reviendrons plus en détail sur cet événement à portée historique.
Et pendant ce temps, le travail en commission a commencé. Un long processus de négociation diplomatique et juridique pour aboutir – espérons-le – à la déclaration du centenaire et aux très importants instruments normatifs (convention et recommandation) pour mettre fin à la violence et au harcèlement sur les lieux de travail.