La conférence du centenaire se termine ce vendredi 21 juin. Près de 40 chefs d'État ont pris la parole, pour tous souligner l'importance de la justice sociale, tout le travail accompli par l'organisation internationale du travail mais aussi et surtout, ce qui reste encore à accomplir, principalement par rapport aux défis auxquels nous faisons face aujourd'hui, tout particulièrement les changements climatiques et la numérisation de l'économie.
Les visites de chef d'État se sont terminées par celle de notre Roi Philippe. Un événement important, vu le rôle de la Belgique, un des 9 États fondateurs en 1919 et certainement l’un des États les plus engagés dans l’OIT.
Pour l’écouter, toute le tripartisme social belge était présent, employeurs, gouvernements et organisations syndicales, la CGSLB étant bien représentée par son Président Mario Coppens, les deux secrétaires nationaux, Sabine Slegers et Olivier Valentin et la coordinatrice coopération internationale, Maresa Le Roux. Dans son intervention, le Roi a mis entre autres l’accent sur le rôle déterminant de l’OIT pour encourager les Etats à «s’engager concrètement pour plus de justice sociale et à investir dans l’humain». L’organisation internationale doit aussi garantir que les changements technologiques se passent de la meilleure manière. «Il faudra défendre les avancées sociales du passé contre de nouvelles logiques économiques. Il faudra préserver et stimuler le modèle tripartite inclusif et le dialogue social; ils sont à la fois des facteurs de stabilisation et des atouts immenses pour mieux gérer la transition».
Nouvelle convention et recommandation
Mais il ne peut y avoir de meilleure façon de célébrer le centenaire que de parvenir à un accord sur les deux instruments internationaux destinés à mettre fin à la violence et le harcèlement sur les lieux de travail. C’est fait ! La Conférence de l’OIT a adopté ce vendredi une convention et une recommandation pour arriver à un monde du travail sans violence et harcèlement. En allant plus loin, au cœur de la volonté de ces instruments, ce qui ressort c’est de lutter principalement contre les violences et le harcèlement basés sur le genre. C’est une victoire pour toutes les femmes de par le monde, pour l’égalité de traitement et pour l’égalité des chances. Les membres du bureau tripartite ont tous insisté sur la suite, à savoir développer une stratégie en vue d’une ratification large et une mise en œuvre effective de ces instruments. Beaucoup d’émotion pour ce sujet essentiel dont nous aurons l’occasion de parler plus en détail.
La Conférence a aussi adopté la déclaration du centenaire. Une importante feuille de route pour les prochaines décénies, en indiquant que l’OIT doit poursuivre la mise en œuvre de son mandat pour la justice sociale en développant son approche centrée sur l’humain. On y retrouve, parmi les très nombreux points couvrant tous les pans de l’action de l’OIT, l’engagement sur la nécessaire transition juste, sur l’emploi librement choisi, l’importance des services publics, mais aussi la prise en considération de l’impact de la digitalisation de l’économie avec un accès fort sur les compétences devant être acquises par les travailleurs et l’importance de la formation tout au long de la vie. De manière essentielle, on y retrouve aussi la poursuite de la lutte contre le travail des enfants ou encore la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes au travail, dans tous ses aspects (égalité des chances, participation égale, rémunération égale et partage des responsabilités familialk. Un texte large, inspirant et programmatique. Terminons en soulignant un autre enjeu pour le futur, contenu sous forme de principe dans cette déclaration : compléter la liste des droits fondamentaux par le droit à la santé et à la sécurité au travail.
Les 100 prochaines années
Les mots adressés aux délégués par le secrétaire général des Nations unies M. Antonio Gutiérrez, peuvent être repris comme conclusion de cette conférence du centenaire : en un siècle le monde a profondément changé mais les besoins des gens sont restés les mêmes : il y a la même soif de justice sociale. L’OIT doit continuer à développer son programme axé sur l’humain et réparer bien des échecs des politiques économiques récentes. Se fixer des objectifs ambitieux et aussi les atteindre, c’est ce que devra encore faire l’OIT dans les cent ans à venir.