C'est aussi un défi dans les pays des organisations partenaires de l’ASBL MSI/CGSLB
Chaque jour dans les médias belges on entend parler de l'énergie et sa hausse des prix. Les syndicats ont demandé à leurs membres de signer une pétition en vue de modifier la loi relative à la norme salariale, car « Le coût de la vie augmente ! ». Cette pétition a recueilli les 25.000 signatures nécessaires et le Parlement belge va être obligé de débattre sur la loi en question. Cette loi empêche une augmentation équitable des salaires, même dans les entreprises qui font beaucoup de bénéfices. De plus en plus de personnes rencontrent des problèmes parce que le coût de la vie augmente fortement, et les salaires, malgré l'indexation automatique, ne progressent pas suffisamment.
Mais quelle est la situation dans les pays de nos organisations partenaires en Afrique du Sud, au Burundi, au Burkina Faso et au Sénégal ?
Afrique du Sud
L'indice des prix à la consommation (IPC) en Afrique du Sud est actuellement de 5,9 %. Cependant, ESKOM, la seule compagnie d'électricité publique sud-africaine, réclame une hausse des tarifs de 20,5 % ! Le prix de l'électricité a augmenté de 307 % au cours des 13 dernières années, soit beaucoup plus que l'inflation. Bien qu'ils paient plus cher leur électricité, les Sud-Africains sont confrontés à un approvisionnement en électricité peu fiable. En pleine pandémie de Covid-19, les années 2020 et 2021 ont été deux des pires années jamais enregistrées en termes de fréquence des pannes de courant.
À cela s'ajoute un taux de chômage énorme, supérieur à 33 %. Le taux de chômage officiel ne prend en considération que les personnes qui recherchent activement un emploi. Si l'on compte également les personnes qui n'ont pas d'emploi et n'en cherchent pas, on arrive à un taux de pas moins de 44,4 %.
L’organisation partenaire de l’ASBL MSI/CGSLB, la COSATU, a fait part de sa position sur la hausse des prix de l'énergie et a appelé le département de l'énergie du gouvernement sud-africain à relancer son programme de panneaux solaires pour les familles vulnérables, car de telles mesures peuvent contribuer à atténuer la pression de la demande d'électricité et à mieux protéger ces personnes des fortes hausses de prix.
Burundi
Au Burundi, où notre organisation partenaire COSYBU/FNTT-SI est très présente dans le secteur des transports, les hausses successives des prix de l’énergie se font également ressentir pour l’ensemble des consommateurs.
En février, le prix du carburant à la pompe a soudainement augmenté de 11 %. Les prix fixes pour un trajet en bus, pour se rendre au travail ou au marché par exemple, ont augmenté de 20 % d’un coup. De nombreux Burundais cherchent des alternatives comme les motos-taxis ou les vélotaxis, qui sont un peu moins chers que les transports publics.
Les chauffeurs de ces moyens de transport ne disposent pratiquement jamais de contrat de travail enregistré ni de revenu fixe. Ces transporteurs issus de l'économie informelle ont été contraints d'adapter leurs tarifs à l'augmentation du coût de la vie. Les pouvoirs publics locaux ont essayé d'intervenir dans ces hausses de prix, car de nombreux clients ont exprimé leur mécontentement. Ce n'est que grâce aux négociations collectives avec les autorités locales que ces travailleurs informels ont pu voir leurs revenus augmenter en fonction du coût de la vie.
Si l’on est encore loin d'un salaire indexé ou d'un revenu garanti, cela souligne l'importance d’avoir des négociations libres sur les salaires.
Burkina Faso
Situé au cœur de l’Afrique de l’ouest, le Burkina Faso est un des pays les plus pauvres du monde avec plus de 45,3% de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Avec un climat soudano-sahélien, le Burkina ne reçoit en moyenne que 700mm d’eau par an. Malgré ce handicap, le pays a pu maintenir son coût d’électricité constant depuis près de trente-cinq ans avec un taux d’électrification estimé en 2020 à 45%.
Cela s’explique par l’ensoleillement fort et régulier durant toute l’année du Burkina Faso et la production électrique à base de solaire. Fin 2015, le Burkina Faso se dotait de sa première centrale solaire d’une puissance de 16 MW permettant l’alimentation de 660.000 personnes. Aujourd’hui, le pays compte cinq centrales solaires d’une puissance totale de 155 MW. Au-delà de la baisse du coût de l’énergie électrique (123,400F CFA/ Kwh pour les ménages et 272,600F CFA/ Kwh pour les industries), il est commun d’entendre les Burkinabès déclarer que leur pays sera exportateur d’énergie solaire en 2026. Nous sommes persuadés que l’utilisation de l’énergie solaire à grande échelle participera au développement économique et social du pays.
Sénégal
Le prix de l’électricité au Sénégal a subi une hausse brutale de 10´%, jugée nécessaire par l’Etat suite à l’augmentation du prix du pétrole. La colère des citoyens est exacerbée par le fait que le gouvernement avait promis une baisse effective des tarifs de l’électricité dès l’année 2020 et que le Sénégal serait exportateur d’électricité avec la mise en place de centrales solaires.
Ainsi, 33 organisations de la société civile regroupées au sein d’un collectif dénommé « Nio Lank » (nous refusons) ont organisé de grandes manifestations à Dakar et dans plusieurs villes du pays pour dire «non à la hausse du prix de l’électricité» ayant conduit à de nombreuses arrestations.
La Confédération nationale des travailleurs du Sénégal- CNTS – dénonce cette hausse car le pouvoir d’achat des travailleurs et des travailleuses est directement impacté par cette augmentation et il faudrait donc mettre en place des mesures d’accompagnement pour amortir les effets sur les travailleurs et travailleuses précaires.