Le système belge des pensions est sous pression : le nombre de pensionnés augmente, tandis que le nombre de travailleurs – qui contribuent à financer les pensions actuelles – reste à peu près constant. Pour maintenir la viabilité du système, plusieurs ajustements ont été apportés. Et si cela ne tenait qu’à la coalition Arizona, d’autres mesures concernant les pensions se profileraient à l’horizon !
Les plans de la coalition Arizona constituent une attaque frontale contre les pensions des travailleurs et un recul sans précédent pour le régime des fonctionnaires. Tout le monde a droit à une pension décente. Mais puisque le formateur Bart De Wever veut économiser trois milliards d’euros sur les pensions, ce sont tous les travailleurs qui paieront la facture !
Principaux changements à partir de 2025
Augmentation de l’âge légal de la pension
Depuis le 1er janvier 2025, l’âge légal de la pension est fixé à 66 ans (au lieu de 65 ans) pour les personnes nées entre le 1er janvier 1960 et le 31 décembre 1963. Pour les générations suivantes, cet âge passera même à 67 ans.
La pension anticipée reste possible sous certaines conditions, mais elle entraîne une réduction du montant de la pension. Par ailleurs, le taux d’imposition favorable de 10 % pour le paiement de la pension complémentaire disparaît en cas de pension anticipée.
Le nouveau bonus pension versé pour la première fois
Le bonus pension est un montant net supplémentaire accordé pour chaque jour travaillé au-delà de la première date possible de départ à la pension. Depuis le 1er juillet 2024, il est possible d’accumuler ce bonus pour une durée maximale de 3 ans. À partir du 1er janvier 2025, il pourra être versé pour la première fois.
Conditions plus strictes pour la pension minimum
Pour bénéficier de la pension minimum garantie (1 773,35 € brut/mois pour une personne isolée ayant une carrière complète), il faudra, en plus des 30 années de carrière, 20 années de travail « effectif », soit 5 000 jours de travail à temps plein pour une pension minimum à temps plein, ou 3 120 jours de travail à temps plein pour une pension minimum à temps partiel.
Les jours assimilés seront pris en compte, mais il y en a moins que pour la condition de carrière de 30 ans. Par exemple, ne seront pas assimilés : les périodes de chômage complet, le RCC, le crédit-temps (autre que pour les soins palliatifs ou enfants handicapés), les emplois de fin de carrière. Pour les personnes en incapacité de travail prolongée, des règles spécifiques sont prévues, réduisant les jours à prouver selon la durée de l’incapacité.
Des mesures transitoires sont prévues pour les travailleurs nés avant 1970.
Âge plus élevé pour la pension de survie
Depuis le 1er janvier 2025, il faut avoir au moins 50 ans pour prétendre à une pension de survie après le décès du conjoint. Les personnes qui sont plus jeunes peuvent bénéficier d’une allocation transitoire.
Revenus complémentaires illimités
À partir de l’âge légal de la pension (66 ans) ou après une carrière de 45 ans, il est possible de cumuler des revenus sans limitation. Sinon, des plafonds s’appliquent. Depuis 2025, un plafond de 7 876 €/an s’applique pour les revenus tirés d’un emploi flexi-job.
Taux d’intérêt minimum légal plus élevé pour les pensions complémentaires : après plus de 8 ans au niveau minimum légal, le taux d’intérêt pour les pensions complémentaires est passé de 1,75 % à 2,50 % depuis le 1er janvier 2025.
L’épargne-pension ne peut être constituée que jusqu’à l’âge de 65 ans, la législation n’ayant pas encore été adaptée.
Changements prévus après 2025
(En attente d’un accord de gouvernement définitif)
Le bonus pension actuel, réintroduit en 2025, serait réformé : le montant de la pension serait majoré d'un bonus par année de retraite après l'âge légal de la retraite, à condition de justifier 35 années de carrière de 156 jours de travail effectif et 7 020 jours de travail effectif.
Mais il y aurait également un malus pension par année de retraite anticipée avant l'âge légal de la retraite. Si la condition de carrière pour la retraite anticipée est remplie mais pas les 35 années de carrière de 156 jours de travail effectif et 7.020 jours de travail effectif, vous recevrez une pension inférieure. D'abord la carotte, puis le bâton.
Conditions plus strictes pour la pension minimum : la condition de carrière pour accéder à la pension minimum serait progressivement augmentée à partir du 1er janvier 2030, pour atteindre 35 années de carrière (chacune avec au moins 156 jours de travail effectif) au plus tard en 2035.
Réduction des périodes assimilées : les périodes non travaillées, telles que le RCC, le chômage de longue durée et les emplois de fin de carrière, compteraient de moins en moins dans le calcul de la pension. Seuls les périodes de maladie, les congés de maternité, les congés parentaux et certains congés pour soins seraient pris en compte.
Carrières longues effectives : il serait possible à partir de 2027 de partir en pension anticipée à 60 ans avec 42 ans de carrière, mais uniquement pour les années de travail effectif.
À partir de 2026, la pension de survie serait remplacée par une allocation transitoire d'une durée maximale de 2 ans.
Où en est la politique des pensions ?
La réaction de la CGSLB face aux plans de la coalition Arizona
La CGSLB reconnaît que des choix et des compromis sont nécessaires, y compris concernant la réforme des pensions. Cependant, nos valeurs fondamentales – liberté, solidarité, responsabilité et tolérance – resteront toujours au cœur de notre lutte pour des pensions décentes.
Une réforme des pensions…
- ne peut pas toucher les pensions en cours : on ne change pas les règles en cours de jeu !
- doit protéger contre les aléas de la vie professionnelle : la personne qui est malade ou involontairement au chômage ne doit pas être doublement pénalisée.
- doit être transparente et compréhensible : pour permettre des choix éclairés.
- doit tenir compte de la flexibilité du marché du travail : la flexibilisation (ex. semaine de 4 jours) ne doivent pas compliquer les conditions de carrière.
- ne doit pas affaiblir le principe de solidarité : des conditions plus strictes pour la pension minimum risquent de laisser les plus faibles sur le carreau.
- ne doit pas servir d’outil pour résoudre tous les problèmes sociaux : la hausse du nombre de malades, les pénuries en crèche, … ne peuvent pas être résolus par une réforme des pensions.