Elections européennes du 26 mai
Ce lundi 1er avril, plus de 200 syndicalistes étaient réunis au Comité économique et social européen pour interpeller les principaux candidats belges aux élections européennes. Organisé ensemble par les trois syndicats, ce forum a été l’occasion de leur présenter nos demandes pour une Europe qui soit plus respectueuse des travailleurs et de leurs droits.
Luca Visentini, Secrétaire général de la Confédération européenne des Syndicats, a d’abord présenté les revendications des syndicats européens pour les élections, et expliqué quels étaient les enjeux pour les travailleurs. Après un premier débat avec les candidats, deux délégués CGSLB du secteur financier ont ensuite demandé des mesures européennes pour relever les défis liés à la numérisation et aux délocalisations intra-européennes. Enfin, Olivier Valentin, Secrétaire national de la CGSLB, a proposé des pistes concrètes pour que les demandes syndicales soient mieux prises en compte par les futurs députés pendant leur prochain mandat.
Enjeux des élections européennes
Le 26 mai, en plus des élections régionales et fédérales, auront lieu les élections européennes. La popularité grandissante des partis eurosceptiques et d’extrême-droite à travers l’Europe laisse présager que les élections puissent mener à un glissement vers la droite dans la composition du Parlement européen. Cela pourrait avoir des conséquences considérables pour les progrès en matière d’Europe sociale. Par exemple, 80 % des députés européens des trois groupes les plus à droite de l’hémicycle et crédités de hausses des intentions de vote ont voté contre la proposition de mettre en place une autorité européenne du travail pour lutter contre le dumping social, et 60% ont voté contre la révision de la directive sur le détachement des travailleurs. Bien que plusieurs propositions législatives permettant d’améliorer les droits des travailleurs aient pu aboutir avant les élections, il sera crucial de continuer à construire l’Europe sociale lors de la prochaine législature en continuant sur la lancée impulsée par le Socle européen des droits sociaux.
C’est pourquoi les syndicats belges ont organisé ce lundi 1er avril un forum avec les candidats aux élections européennes du MR, de l’Open-Vld, de Groen, d’Ecolo, du CdH, du Cd&v, du Sp.a et du PS. Pendant le forum, les députés ont pu se positionner sur les demandes des syndicats pour la prochaine législature, et répondre aux témoignages et interpellations des participants.
Témoignage
Vincent Rassart (délégué CGSLB chez BNP Paribas où de nouvelles fermetures d’agences ont été annoncées malgré les efforts déjà consentis par les travailleurs)
La numérisation est en train de révolutionner notre société. Les emplois évoluent, les exigences nécessaires pour acquérir ou garder un emploi sont de plus en plus importantes. L’enseignement n’évolue pas assez rapidement pour préparer les jeunes au marché du travail. Beaucoup d’employeurs ne désirent pas investir dans la formation de leur personnel vieillissant.
Au sein de BNP Paribas Fortis, alors qu’un plan social est mis en place pour réduire le personnel de 2200 emplois, il est prévu d’engager 600 jeunes au profil « numérique ».
- Il existe un fonds d’ajustement à la mondialisation qui pourrait être transformé et doté de moyens ambitieux pour la formation des travailleurs sur le lieu du travail de manière préventive afin que les travailleurs puissent s’adapter aux nouvelles compétences en matière de numérisation et de transition énergétique pour maintenir l’employabilité et éviter des licenciements.
- Des objectifs contraignants pourraient être mis en place au niveau européen pour les formations en entreprise (par exemple : de l’ordre de 2,5% de la masse salariale). Un cadre légal pourrait être mis en place au sein des entreprises et des groupes européens afin de permettre de négocier des accords contraignants pour l’ensemble du groupe, puis de le faire appliquer.
- L’Europe doit être plus ambitieuse en matière d’investissement public avec un vrai mécanisme qui mobilise plus de moyens et en laissant plus de marges aux Etats membres pour investir au niveau national
Les entreprises imposent une numérisation de plus en plus rapide à ses clients en n’offrant plus que certains services via les applications du net dans le seul but d’économiser les coûts.
C’est une politique d’exclusion envers les populations qui n’ont pas accès aux nouvelles technologies.
Qu’allez-vous mettre en place afin d’éviter l’exclusion numérique à des millions de personnes ?
10 engagements pour une Europe plus respectueuse des travailleurs
Ensemble avec la Confédération européenne des Syndicats, la CGSLB ; la CSC et la FGTB ont préparé une liste de 10 engagements déclinés en propositions concrètes, sur lesquelles les candidats ont eu l’occasion de se prononcer et de s’engager à respecter s’ils étaient élus :
- Pour une véritable Europe sociale
- Pour des emplois de qualité
- Pour un dialogue social fort et le renforcement de la négociation collective
- Pour une lutte efficace contre le dumping social
- Pour améliorer la démocratie dans les entreprises
- Pour une politique budgétaire qui donne aux Etats l’espace pour investir dans l’avenir
- Pour un budget européen ambitieux qui investit dans la transition juste
- Pour une politique internationale, de commerce et de développement progressiste et durable
- Pour une politique migratoire plus juste
- Pour une politique fiscale européenne ambitieuse
En partenariat avec l’ONG Votewatch, un exercice de transparence avait été effectué lors de la précédente législature. Un rapport reprenant les votes des députés par rapport à différentes demandes des syndicats entre 2014 et 2019 a été présenté. Un rapport similaire sera présenté à la fin de leur mandat en 2024 pour analyser si, dans leurs votes, ils ont respecté les engagements pris devant les syndicats ce lundi.
Action européenne ce 26 avril
Afin de continuer à mettre la pression sur les candidats aux élections européennes et sur les chefs d’Etat pour travailler à une Europe plus solidaire et plus respectueuse des travailleurs et de leurs droits, les syndicats belges organisent avec la CES une action européenne le vendredi 26 avril, en présence de délégations syndicales venues de toute l’Europe.