Travailleurs invisibles de la globalisation
Avec la globalisation, les chaînes d’approvisionnement et de production se sont muées en des réseaux très complexes et souvent opaques de filiales, sous-traitants, prestataires de services,… qui opèrent et sont établis dans une multitude de pays. Il suffit de penser aux crevettes belges décortiquées au Maroc, aux vêtements commandés auprès d’usines douteuses au Bangladesh, ou au minerai congolais, creusé dans des mines informelles et que nous retrouvons dans nos portables.
La sous-traitance d’activités et la complication des chaînes d’approvisionnement menacent les droits des travailleurs. Employé.e.s par des petites unités de production ou fournisseurs de services, qui ne sont qu’une des étapes dans la chaîne de valeur, souvent installés dans des pays où la législation sociale, environnementale ou de travail est moins rigoureuse ou encore dans des « zones économiques spéciales », ces travailleurs et travailleuses en deviennent quasiment « invisibles » et vulnérables aux abus.
« Devoir de vigilance » pour les entreprises
Différentes organisations, comme la Confédération Syndicale Internationale et la CGSLB, exigent des règles légales qui garantissent que les entreprises respectent les droits des travailleurs à travers toute leur chaîne de valeur. Ces règles doivent empêcher que des activités soient sous-traitées ou délocalisées à des entreprises en dehors de l’UE qui font fi des régulations sociale et environnementale ou des droits humains.
Un tel « devoir de vigilance » doit obliger les entreprises à documenter leurs chaînes de valeur, à identifier les risques de violations des droits et d’infractions, à prendre des mesures préventives, ainsi qu’à compenser et à réparer d’éventuels dommages (aux personnes et à l’environnement).
Une initiative européenne
Différents pays (e.a. la France et les Pays-Bas) ont déjà adopté des législations dans ce sens, dans d’autres pays (dont l’Allemagne et la Belgique) des campagnes pour un « devoir de vigilance » sont en cours et les gouvernements considèrent l’introduction de telles lois, et la Commission européenne prépare des réglementations pour assurer que des entreprises présentes en Europe respectent les droits humains partout dans le monde.
Il est impératif que ces règles soient suffisamment strictes pour qu’ils permettent de déjouer la concurrence déloyale et de tenir les entreprises juridiquement responsables des dommages qu’elles aient occasionnés. Il est important que ces directives incluent explicitement le droit du travail et des travailleurs, et qu’elles prévoient que les mesures que les entreprises devront prendre sont développées et examinées dans les instances de concertation sociale.
Signez la pétition !
La Confédération Européenne des Syndicats suit de près ces évolutions politiques. En ce moment, l’EU fait une consultation digitale de ses citoyens (ainsi que des organisations de la société civile) sur le contenu et l’ampleur souhaités de cette réglementation. Ce site te permet de soumettre jusqu’au 8 février, en un seul clic la position syndicale à l’UE, et d’assurer que notre demande pour une meilleure protection des travailleurs soit entendue.