À voir les chiffres sur l’écart de pension entre hommes et femmes, il y a encore beaucoup à faire en la matière. Pour le réduire, il faudra surtout agir en amont, pendant la carrière des travailleurs et travailleuses.
Le 6 mars dernier, les chiffres clés concernant le genre et la pension ont été publiés par Sigedis sur le site web pensionstat.be. Ces derniers ont trait aux pensionnés ayant reçu leur première pension de retraite en 2021. Le panel étudié dans cette enquête comprenait 43% de femmes et 57% d’hommes qui bénéficient d’une pension de retraite.
Un écart de pension important
À l’heure actuelle, l’écart de pension totale (qui comprend la pension légale ainsi que la pension complémentaire) s’élève à 23%. En effet, il existe en moyenne une différence en faveur des hommes de 402 euros pour la pension légale et de 85 euros pour la pension complémentaire. Cela est expliqué (mais pas légitimité), entre autres, par la durée de la carrière et la rémunération gagnée au cours de la carrière.
Carrières plus courtes, salaires plus modestes
Toujours selon l’étude de 2023 faite par Sigedis, le nombre d’hommes ayant une carrière de plus de 30 années travaillées est de 66% face à 34% pour les femmes. De même, il a aussi été relevé que 23% des femmes ont une carrière de moins de 10 ans et ce taux n’est que de 12% chez les hommes. De manière générale, nous constatons que les femmes ont des parcours professionnels plus courts (en termes de jours effectifs) puisqu’elles sont trop souvent contraintes à prendre des mi-temps ou des crédits-temps afin de favoriser l’équilibre familial : en Belgique, 40,7% des femmes prennent un temps partiel contre seulement 11,9% des hommes.
En terme de choix de profession, beaucoup de femmes encore évoluent dans des sec- teurs dits « plus féminins » où les salaires sont généralement, moins attrayants. Sur le long terme, cela engendre des pensions moins élevées pour ces dernières.
Un des objectifs 2030 : supprimer l'écart salarial
En novembre 2022, la CGSLB participait à une action commune avec les différents syndicats. De fait, ceux-ci pointaient du doigt un projet de réforme des pensions jugée sexiste. Elle visait à pénaliser les personnes ayant interrompu leur carrière quelle qu'en soit la raison et cela impactait plus particulièrement les femmes.
Le collectif syndical a alors réclamé un calcul des pensions qui ne soit pas discriminant en élargissant notamment la notion de « travail effectif » au congé parental, au crédit-temps, au congé de naissance et au temps partiel.
En tant que syndicat, nous souhaitons tout mettre en œuvre pour atteindre la plus grande égalité possible au niveau des pensions. Pour ce faire, il faut d’abord agir en amont sur le marché du travail. La CGSLB a formulé des propositions politiques concrètes afin que l’écart salarial soit complètement supprimé :
- l’application du principe « à travail égal, salaire égal » quel que soit le genre du travailleur ou le type de rémunération ;
- un certificat obligatoire, remis par les autorités, certifiant l’équilibre salarial dans les entreprises de plus de 50 travailleurs ;
- une évaluation de la loi du 22 avril 2012 visant à lutter contre l’écart salarial entre les genres ;
- combattre les stéréotypes en encoura- geant les femmes à s’orienter vers les métiers et secteurs plus masculins, tout en revalorisant les métiers et secteurs davantage occupés par les femmes.