Mario Coppens avait signalé il y a quelque temps qu'il ne se présenterait plus pour un nouveau mandat à la présidence du Syndicat libéral. Après deux mandats et à l’âge de 63 ans, il est temps de passer le flambeau. Le samedi 18 novembre la CGSLB a tenu un Congrès national pour désigner un nouveau président.
Quel regard portez-vous sur votre carrière et votre mandat de président ?
J’en suis très satisfait. Qui peut dire aujourd'hui qu'il a exercé 4 fonctions intéressantes dans la même entreprise ? À la CGSLB, j'ai été successivement juriste, chef du service juridique, puis directeur des ressources humaines et enfin Président national. Dans mon mandat de Président, il était particulièrement intéressant de pouvoir vivre la concertation sociale au plus haut niveau. De plus, en tant que Président, vous êtes une sorte de coordinateur du fonctionnement interne de l'organisation. Ces deux facettes de mon rôle ont été passionnantes !
Le travail syndical est-il le même qu'avant ? Qu'avez-vous vu changer ?
Je travaille pour le Syndicat libéral depuis 1986. À l'époque, l'objectif de notre organisation était principalement de peser sur la politique par le biais de la défense des droits collectifs. Entre-temps, la composante "services individuels" a gagné en importance, si l'on pense par exemple à l'assistance juridique dont bénéficient les affiliés. Entre autres
choses, nous avons introduit notre service à 360°, où nous fournissons des informations et des conseils sur des sujets qui ne sont pas nécessairement liés directement à l'emploi d'une personne. Nous cherchons constamment à créer de la valeur ajoutée pour nos affiliés. Grâce à la numérisation, les gens peuvent accéder eux-mêmes à l'information plus rapidement qu'auparavant. Néanmoins, nous devons constamment évoluer pour faire la différence.
Vous avez une formation juridique. Comment cela a-t-elle influencé votre implication dans la concertation sociale et votre style de négociation ?
Il y a huit ans, lorsque j'ai été élu, les journaux ont réagi en parlant d'un "président surprenant". Dans d'autres syndicats, les présidents venaient généralement du monde de la
concertation sociale. Mon profil est différent, mais cette diversité, par exemple au sein du Groupe des 10, est précieuse et a un effet de renforcement. En effet, pour obtenir une réponse à une question juridique, mon point de vue est régulièrement examiné lors des consultations.
En quoi le Syndicat libéral est-il différent des autres syndicats ? Qu'avez-vous remarqué ?
La CGSLB est le syndicat de la concertation par excellence. Sur le plan interprofessionnel, j'ai néanmoins déclaré à plusieurs reprises que la CGSLB ne participerait pas à certaines actions, mais qu'elle choisissait délibérément des alternatives de sensibilisation. On obtient souvent plus de résultats à la table des négociations qu'en se mettant immédiatement en grève. Bien sûr, cela ne signifie pas que nous refusons systématiquement de passer aux actions. Mais nous avons une attitude différente, y compris lorsqu'il s'agit d'occuper des ronds-points lors d'une action de protestation. Il y a huit ans, nous avons lancé le slogan "Plus de dialogue, moins de casse". Nous sommes convaincus que de cette manière, nous avons plus de poids dans les prises de décision.
Qu'aimeriez-vous transmettre au prochain président ?
Étant donné que le candidat président (Gert Truyens, ndlr) travaille au sein de notre syndicat depuis 30 ans et qu'il est actif dans la concertation sociale - au niveau flamand - depuis des années, je n'aurai pas beaucoup de conseils à donner dans ce domaine. Comme je l'ai dit, le fonctionnement interne de notre organisation est également important. Il faudra veiller à ce que les bonnes méthodes de travail mises au point ces dernières années pour mieux servir nos affiliés soient respectées uniformément dans toutes les zones du pays.
Quel message avez-vous pour les affiliés de notre syndicat ?
Tout d'abord, je voudrais les remercier pour leurs années de confiance ! Les affiliés nous donnent des ressources, en retour nous défendons leurs intérêts collectifs et individuels, en leur apportant soutien, informations, conseils, assistance juridique et avantages financiers tels que des primes, des réductions par le biais de notre plateforme d'avantages et des vacances à des prix intéressants. J'ai également toujours beaucoup apprécié l'engagement de nos délégués. Ils sont régulièrement confrontés à des feux nourris, ils traversent parfois des situations difficiles, je pense par exemple aux restructurations d'entreprises. Leur engagement sans faille rejaillit sur l'ensemble de notre organisation. Je ne peux que l'admirer !
Où en sera le Syndicat libéral dans 10, 20 ou 50 ans ?
Bien sûr, il est difficile de se projeter dans l'avenir, mais il est plus facile de regarder en arrière. La CGSLB progresse en termes de nombre de membres depuis 20 à 30 ans, bien que l'on dise qu'il est difficile de se syndiquer davantage en Belgique. Ce succès croissant est peutêtre dû au fait que de plus en plus de travailleurs sont attirés par notre ADN de syndicat constructif, qui préfère la concertation. En mai 2024, ce seront mes 10e élections sociales depuis que j'ai rejoint le Syndicat libéral. Nous avons plus que doublé le nombre d'élus et de voix par rapport à mes débuts dans le syndicat, grâce à notre positionnement, à notre vision. Nous sommes actuellement à près de 15 %, une représentativité dont beaucoup de partis politiques ne peuvent que rêver.
Entre-temps, bien sûr, le monde du travail évolue lui aussi.
On peut dire que les syndicats sont contre les flexi-jobs et la CGSLB l’est également, mais la réalité est ce qu'elle est. Par exemple, les travailleurs de plateforme ont fait leur apparition. Comment allons-nous nous positionner en tant que syndicat pour aider ce type de travailleurs ? Les gens travaillent d'une autre manière, pensez par exemple aux informaticiens, aux traducteurs ou aux consultants qui sont aujourd'hui davantage des travailleurs indépendants... Comment pouvons-nous, en tant que syndicat, leur apporter une valeur ajoutée ? Quoi qu'il en soit, la CGSLB devra tenir compte de ces tendances. Enfin, j'espère que nous continuerons à nous développer en tant qu'organisation. Les chiffres en hausse que j'ai mentionnés montrent déjà que le libéralisme social a un avenir.
Dernière question : comment allez-vous occuper votre temps libre lorsque vous ne serez plus Président ?
Je ne quitterai pas notre organisation immédiatement après la nomination du nouveau Président. Il est prévu que je reste au service de l'organisation jusqu'aux élections sociales, mais ni en tant que président ni en tant que conseiller général. Je veux continuer à travailler sur le Manuel du travailleur, aider à résoudre les litiges juridiques liés aux élections sociales, etc. Mais après cela ? Nous verrons bien. Dans le passé, j'ai suivi des cours du soir d'italien pendant huit ans et je souhaite les reprendre. Je pourrais aussi prendre des cours de cuisine, et j'ai envie de voyager un peu plus. À part cela, je veux continuer à m'engager intellectuellement et voir ce que je peux encore apporter avec mon expertise juridique. C'est certain !